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International – Europe

De nouveaux avions de combat en Suisse ?

Les citoyens suisses se prononceront, sans doute cet automne, sur l’achat de nouveaux avions de combat pour un montant de 6 milliards de francs (5 milliards d’euros). Début janvier, le Parti socialiste (PS), les Verts et le Groupe pour une Suisse sans armée (GSSA) ont en effet lancé un référendum fédéral contre ce projet. Ils espèrent faire échouer les menées de la majorité du Parlement qui sont en complète contradiction avec les préoccupations réelles du peuple helvétique.

Ces trois forces, qui pourraient être rejointes par d’autres formations politiques, n’auront probablement aucune peine à recueillir les 50 000 signatures nécessaires pour un référendum d’ici au 9 avril prochain. La votation populaire pourrait avoir lieu le 27 septembre 2020.

Rebelote

Les opposants ont de bonnes chances de l’emporter, d’autant plus qu’en dehors de la gauche, d’aucuns estiment que cet achat militaire est complètement délirant, alors que même le Conseil fédéral reconnaît qu’une guerre conventionnelle est hautement improbable et que les principales menaces sont ailleurs.

Député Vert au Conseil national, Fabien Fivaz, cité par Le Courrier, souligne que les avions de combat sont inutiles dans la cyberguerre, contre le terrorisme ou les missiles de croisière. Il ne faut pas oublier non plus que le 18 mai 2014, les Suisses avaient rejeté, avec 53,8 % des voix et l'unanimité des cantons romands, l'achat de 22 avions de combat suédois Gripen. Or, à l’époque, la facture n’était « que » de 3,1 milliards de francs (2,6 milliards d’euros). Le gouvernement et l’armée n’avaient pourtant pas jugé nécessaire de faire leur autocritique...

Contrairement à ce qui s’était passé avec les Gripen, le projet qui sera soumis en votation est un « arrêté de planification », qui porte uniquement sur des principes généraux et un cadre financier. Le peuple ne pourra donc se prononcer ni sur le nombre, ni sur le type d’avion. Si le oui devait l’emporter, le choix du modèle serait par conséquent de la compétence du Conseil fédéral. Quatre jets militaires sont sur les rangs pour remplacer les appareils actuels (Tiger et F/A-18) : le français Rafale (Dassault), l’européen Eurofighter (Airbus) et deux avions américains, le Super Hornet de Boeing et le F-35A de Lockheed-Martin.

Surdimensionnés

Pour le PS et les autres opposants, des avions de chasse surdimensionnés sont inutiles pour la majorité des tâches incombant à l’armée de l’air suisse, soit la formation de ses pilotes et les missions de police aérienne. S’équiper d’avions de combat légers permettrait au contraire de garantir la sécurité de l’espace aérien suisse. Mais aucune solution alternative n’a été examinée par le Conseil fédéral et la majorité du Parlement.

Ce qui fait dire à Roger Nordmann, président du groupe socialiste : « La droite bourgeoise refuse de s’engager dans un débat critique, alors que d’innombrables questions sont encore ouvertes. La droite craint que sa politique opaque de subventions échoue dans les urnes et tente maintenant d’appâter des entreprises avec la perspective de contrats lucratifs ».

Au détriment du climat

Outre l’acquisition de nouveaux avions de combat, d’autres achats d’armement devraient encore être effectués au cours des prochaines années, pour un montant de 9 milliards de francs (7,5 milliards d’euros). Il s’agit du programme d’armement le plus cher et le plus important de toute l’histoire suisse. Évidemment, si toutes ces sommes devaient être libérées, cela ne pourrait se faire qu’au détriment de l’éducation, de la formation, de la santé, de la sécurité publique, de la sécurité sociale ou encore du problème le plus pressant, comme le relève le GSSA, à savoir la lutte contre le changement climatique.

Cet article de notre ami Jean-Claude Rennwald, militant socialiste et syndical, ancien député (PS) au Conseil national suisse, a été publié dans le numéro de janvier de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

 

 

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