GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

De “l'innovation” en politique

Il est remarquable de constater que deux des candidats à l'investiture socialiste (Dsk et Ségolène Royal) insistent surtout sur “l'innovation politique” qu'ils sont censés représenter... selon eux.

Dsk veut " le changement par la rénovation " : Socialisme de la redistribution, socialisme de la production, socialisme de l'émancipation : voilà les trois piliers sur lesquels nous voulons bâtir la social-démocratie française. Le réformisme de gauche n'est pas condamné à l'accompagnement social du libéralisme. Il peut et doit être un " réformisme radical".

Ségolène Royal répète qu'avec elle, c'est "une autre façon de faire de la politique qui en jeu ", voilà ce qu'écrit à son sujet Arnaud Montebourg : " Dans les différents éléments d'identité de sa candidature - syndicalisme de masse, ordre juste, révolution démocratique, excellence environnementale - Ségolène Royal ouvre le chantier de la reconstruction du politique et cherche à organiser les retrouvailles avec la force d'agir sur la réalité. Il est temps de se rassembler autour de cette nouvelle donne, à partir de nos propres convictions, sans en abandonner aucune, pour contribuer à la victoire d'une gauche enfin rénovée qui sera celle de toutes les gauches. "

Ce positionnement mériterait des développements plus importants que ceux qui vont suivre ; mais il importe de mettre les points sur les i.

Se situer du côté des “innovateurs” est d'abord une façon de répondre aux attentes de plusieurs catégories de militants et de citoyens : ceux qui pensent du mal des partis politiques et de la classe politique, et notamment les déçus à l'intérieur et à l'extérieur du Ps, ceux qui sont sensibles aux discours sur " les éléphants", ceux qui constatent les échecs passés et qui pensent qu'il faut faire du neuf, ceux qui pensent que " la gauche doit s'adapter à son temps ", etc. Capter les insatisfactions a toujours été une bonne recette du marketing politique. Naturellement, les autres - ceux qui n'agitent pas le drapeau de la rénovation - sont forcément des conservateurs et des " ringards ".

Dans le cas des deux candidats précités, parler de rénovation et d'innovation politique relèverait presque de l'imposture :

En effet, qu'est ce que le socialisme de l'émancipation sinon celui de l'acceptation de la mondialisation libérale et du rapport capital/travail, avec des mesures compensatoires sur la santé, l'éducation, le logement, mesures qui, ne relevant pas de la redistribution des pouvoirs et des richesses, sont forcément des mesures qui ont pour objet de faire accepter aux travailleurs des sacrifices, sous prétexte de contraintes européennes et internationales.

Quant à l'autre façon de faire de la politique, cela semble consister à surfer sur l'opinion publique dénommée "citoyens experts", à coller aux thématiques de droite en expliquant que ce sont de vrais problèmes et à proposer des mesures remettant profondément en cause les acquis sociaux, et en transformant le Ps en parti démocrate à l'américaine.

Sur la rénovation du parti et de la vie politique, on attend avec impatience ce qui va être proposé en matière d'avancées en matière de respect du cumul des mandats politiques et électoraux, y compris dans le temps, de changement des pratiques militantes, Et, si on regarde quels sont leurs soutiens, on y trouve tout l'appareil du parti, désireux de sauvegarder ses positions. Comme l'a dit un membre éminent de l'état major de la " favorite des sondages " dans une réunion de cadres du parti : " Ne vous en faites pas, il y aura à manger pour tout le monde " !

Nous avons à “Forces Militantes pour la Démocratie et le Socialisme” une autre conception de l'innovation en politique qui n'a rien à voir avec l'affaiblissement des valeurs et des fondamentaux du socialisme, bien au contraire !

Certes, le monde et la société changent ; il y a eu en France comme en Europe des avancées sociales et des défaites politiques dont il faut tenir compte ; il faut tenir compte aussi de la pollution des esprits et de la pédagogie des contraintes, découlant de l'idéologie libérale, qui sont largement diffusés par les médias dans l'ensemble dominés par de grands groupes financiers. Les solutions pour ce début de XXI° siècle ne sont pas forcément celles d'hier, mais elles doivent s'inscrire résolument dans le cadre d'un projet de transformation sociale et sociétale profonde, d'un coup d'arrêt donné aux progrès de la globalisation financière et d'une nouvelle répartition des richesses et d'avancées démocratiques réelles :

Il faut innover pour parvenir à financer une sécurité sociale et des retraites correctes pour tous ; il faut innover pour que l'éducation dans les collèges et lycées des quartiers populaires soit un domaine d'excellence ; il faut innover pour que les travailleurs ne soient pas la variable d'ajustement préférée du capitalisme actuel ; il faut innover pour que la république soit plus vivante, développe la citoyenneté et garantisse des droits nouveaux ; il faut innover pour retrouver un ascenseur social qui fonctionne ; il faut innover pour que les quartiers populaires ne soient plus des îlots de relégation grâce à la qualité de leurs services publics, etc. C'est cela à quoi nous nous attachons. Et c'est tout le contraire du renoncement devant les exigences de la société marchande et l'alignement sur le blairisme.

Quant au fonctionnement du Parti, il faut d'abord dire qu'en l'état actuel, les partis politiques ont toute leur place dans la société civile et d'abord en améliorer la démocratie interne et réhabiliter le militantisme. Depuis le Congrès de Dijon, Forces Militantes a fait des propositions essentielles en la matière : notre Manifeste fondateur affirme :

" Le premier rôle du Parti Socialiste n'est pas de sélectionner des candidats qui iront promouvoir devant les électeurs des idées élaborées par quelques-uns. Il est d'abord de faire émerger collectivement, démocratiquement, des idées, des valeurs, des projets politiques élaborés et donc portés par tous. "

Nous avons fait toute une série de propositions concernant la fin du cumul des mandats et l'amélioration du fonctionnement. Les grands rénovateurs d'aujourd'hui ne nous malheureusement pas suivi !

Nous avons pu constater que Laurent Fabius partageait en partie nos analyses et nos conceptions, que le dialogue était ouvert à ce propos, et qu'il se gardait bien de céder aux sirènes du marketing politique attrape tout. C'est une des raisons de notre soutien.

Robert Spizzichino

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