GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Écologie

Mieux vivre pour continuer à vivre

Chacun chez soi à essayer de comprendre ce qui nous tombe sur la tête. Voilà comment nous pourrions résumer les dernières semaines que nous venons de vivre. S’il est une évidence qui se dégage, c’est que le virus vit mieux là où il y a moins de biodiversité et plus de pauvreté.

Ce n’est pas le pangolin qu’il faut incriminer, mais l’organisation de nos sociétés. Bien que nous ne sachions pas tout du Covid-19, nous savons que l’exploitation du vivant, la déforestation massive permettent l’émergence de maladies, en ouvrant des interactions entre des espèces animales sauvages et l’espèce humaine.

C’est le cas du paludisme en Amazonie ou du virus Ebola en Afrique de l’Ouest. La perte d’habitat naturel pour les animaux les contraint à migrer et à se rapprocher de zones urbanisées. La déforestation ouvre la voie aux maladies autant qu’elle dérègle le climat. La lutte contre la surexploitation des ressources naturelles est un des combats prioritaires à mener.

Un désastre significatif

Le dérèglement du climat a des effets néfastes sur la maladie elle-même. Ainsi, la pollution de l’air augmenterait le risque de contracter le Covid-191 et d’en mourir. Les scientifiques parlent des particules fines comme d’une « autoroute pour le virus ». Les secteurs les plus pollués sont ceux où la maladie est la plus dangereuse. Grandes villes mais aussi zones très industrialisées, comme en Lombardie – la province d’Italie la plus touchée par le virus –, poumon industriel du pays, où les syndicats de la métallurgie ont appelé début avril à une grève pour stopper toute activité industrielle non essentielle à la lutte contre la propagation de la maladie.

Le transport des marchandises et les déplacements humains participent à la ventilation du virus. La dépendance des pays occidentaux à la production de tout à l’autre bout du monde – vêtements, produits technologiques, nourriture, etc. – doit être repensée. Le transport des marchandises doit coûter plus cher que la production française.

La crise sanitaire nous ouvre les yeux sur la nécessité de relocaliser des industries, y compris des secteurs polluants dont il faut dans le même temps penser la conversion écologique. La sécurité alimentaire doit, par ailleurs, être un enjeu politique qui fixe l’objectif de généralisation de l’agriculture extensive.

Bien vivre n’est plus une option

Défendre une agriculture de qualité et de proximité est un atout pour lutter contre certaines affections aggravant le Covid-19. Renouer avec la nourriture dont on sait d’où elle vient, et comment elle est produite, doit être la norme pour les générations futures. C’est aussi à ce prix que nous pourrons lutter contre l’obésité.

Aux États-Unis, c’est un fléau qui fait augmenter les décès liés à la maladie2. La Louisiane, l’un des États les plus touchés par la maladie, présente aussi un taux d’obésité supérieur à la moyenne nationale. Manger moins de produits transformés par l’industrie agroalimentaire, saturés en gras et sucres, diminuer la consommation de viande, c’est bon pour l’environnement et pour se préserver des conséquences du virus.

La pollution de l’air et l’obésité ont aussi un point commun : la place de la voiture dans nos vies. Au-delà de l’initiative personnelle – et ô combien bienvenue ! – de privilégier le vélo quand on le peut afin de respecter les règles de distanciation sociale, en ville par exemple, ce sont de politiques qui réduisent drastiquement la pollution de l’air dont nous avons besoin.

Transports en commun, covoiturage, marche à pied... Il est possible de sortir du tout voiture. Les actions en faveur du climat sont celles qunous protègent des pandémies, voilà le maître-mot. Accélérer la transition énergétique tout en préservant les travailleurs doit être notre boussole politique.

Cet article de notre camarade Marlène Collineau a été publié dans la rubrique "écologie" du numéro d'avril (274) Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

1. Étude de l’Université de Bologne menée par Leonardo Setti dans la Vallée du Pô

2. Observations du Pennington Biomedical Research Center de Baton Rouge menées par Eric Ravussin

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