Attal, la semaine en 4 jours et le décret 2023-1078
Nous publions ici un billet d’humeur de notre ami Richard Bloch, conseiller CGT du salarié.
Le 30 janvier dernier Gabriel Attal demandait à ses ministres d'expérimenter la "semaine en quatre jours". Attention, pour Attal, il n’est pas ici question de réduction du temps de travail (les 32heures en 4 jours), mais de faire en 4 jours ce que l’on fait habituellement en 5 !
C’est de toute évidence un moyen de détourner l’attention des salariés des questions de pouvoir d’achat, la ficelle est si grosse qu’on pourrait la qualifier de corde à nœuds.
Outre le stratagème d’un prestidigitateur détournant l’attention des gogos, cette « expérimentation » - dont on connait la propension naturelle à devenir une règle pérenne – mérite qu’on s’y attarde un peu tant la question des conditions de travail ne nous est pas complétement étrangère. Je relèverais une incohérence et poserais deux questions auxquelles il vaut mieux répondre en amont.
Une incohérence disais-je. En effet, si l’on regarde le décret 2023-1078 du 23 novembre 2023, le gouvernement a décidé unilatéralement de permettre la suspension des repos hebdomadaires du 18 juillet au 14 août 2024, « dans les établissements connaissant un surcroît extraordinaire de travail pour les besoins de la captation, de la transmission, de la diffusion et de la retransmission des compétitions organisées dans le cadre des jeux Olympiques de 2024 ainsi que pour assurer les activités relatives à l'organisation des épreuves et au fonctionnement des sites liés à l'organisation et au déroulement des jeux Olympiques. ». Le droit suspendu, sans doute un nouveau sport olympique.
Deux mois plus tard, le nouveau premier ministre prétendant que cela améliorerait les conditions de travail, prend le contrepied de ce décret, tout en se gardant bien de l’annuler….
Je me permets donc ici de citer Jean Patrick Manchette : « La politique contemporaine présente plus que jamais l'apparence du désordre et de l'incohérence, parce qu'elle ne peut présenter que son apparence. » - Les amateurs de polars me comprendront.
Il reste à traiter deux questions : celle de la réalité des conditions de travail des salariés qui travaillerons donc une heure quarante-cinq de plus chaque jour et celle des salariés en forfait jour.
Curieusement je n’ai pas beaucoup vu ces deux questions posées, pourtant elles me semblent essentielles.
Pour la première, il va notamment falloir prendre en compte la question des métiers où l’inattention est une question de sécurité. Pourra t’on reprocher à un salarié une faute d’inattention dans ces conditions ? Mystère !
Pour la seconde je regarde d’un œil perplexe tous ces millions de « forfait jour » mis en place dans le seul but de contourner le paiement des heures supplémentaires réalisées.
Le fondement de ces contrats est précisément le décompte du temps de travail en journées et pas du tout en heures.
Je laisse la réponse à ces questions aux géniaux manipulateurs au pouvoir….