GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

La revue DS L'infolettre

Ancrer le Parti Socialiste à gauche

Selon une étude réalisée par l'Ifop en janvier 2013, 64 % de la population considère que la lutte des classes est une réalité. À la veille de 1968, ils n'étaient que 44 % à le penser. La plus forte progression concerne les individus âgés de 25 à 34 ans et de 50 à 64 ans, respectivement de 27 et 21 points. Il s'agit de deux catégories d'âge charnières du salariat, plus vulnérables que les autres à la dégradation de la conjoncture.

Cette évolution interroge le discours sur le glissement à droite de la population en France. Et révèle les confusions couramment réalisées à ce sujet. L'indicateur le plus souvent retenu pour illustrer cette tendance est celui du vote ouvrier. Le repère donné est celui des élections législatives de 1978, lorsque les listes de gauche avaient totalisé plus de deux tiers des suffrages ouvriers contre moins de la moitié lors du scrutin de juin 2007.

Ce moindre alignement électoral ne s'exprime pourtant pas dans une généralisation de la défiance envers les organisations syndicales ni dans un affaiblissement des formes de mobilisation collective. Dans une enquête récente menée par les sociologues Guy Michelat et Michel Simon 78 % des actifs déclarent être prêts à recourir à la grève pour faire connaître leurs revendications et 52 % à estimer que l'influence des syndicats n'est pas assez importante.

Il ne débouche pas non plus sur une perte de pertinence du clivage gauche-droite, ni sur un changement de nature du vote socialiste. En 2012 seulement moins d'un tiers des électeurs affirment ne pas se positionner sur un axe gauche-droite. De même que la courbe du vote pour François Hollande au second tour de la présidentielle est une fonction inverse du niveau de revenu des électeurs.

Parler d'une « droitisation » des « classes populaires » relève donc d'une entreprise idéologique douteuse. Le décrochage électoral d'une partie des ouvriers et employés renvoie plus aux nouvelles dynamiques d’exclusion territoriale et de désertification économique qu'à celle d'une réelle désaffiliation politique. Ces électeurs ne votent pas Front National parce qu'il est plus à droite mais parce que celui-ci vient à eux.

La différence est de taille. Elle explique l'enjeu décisif de la bataille pour ancrer le Parti Socialiste à gauche et la nécessité d'unir les travailleurs autour d’une action politique qui protège et émancipe. Les débats sur le contrôle des licenciements, l’encadrement du marché du travail ou le financement des retraites sont autant de jalons pour consolider les liens de confiance entre majorité sociale et majorité politique.

Document PDF à télécharger
L’article en PDF

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS




La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…