GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

Unir la gauche socialiste

On ne cesse de nous poser la question ? Ségolène ou Bertrand ? DSK ou Laurent ? Et si c’était Martine ? Que devient François ? Franchement le problème est que le Parti socialiste n’est pas capable d’opposer pied à pied un programme alternatif à ce que fait Sarkozy chaque jour ! Répondez aux gens sur ce qui les préoccupe dans l’instant pas dans quatre ans…

Le congrès se passe comme si tout était orienté vers 2012… Est-ce qu’on nomme le chef ou la chef  tout de suite ou seulement un premier secrétaire de transition? Telle est la question récurrente. Mais vaine. Si ça se trouve Sarkozy ne tiendra pas jusqu’en 2012, ça explosera avant.

 

Avant les élections que fait-on ?

Car ce n’est pas le point de vue de l’immense majorité du peuple de gauche que de se préoccuper de 2012 : l’urgence c’est de se défendre pied à pied et de riposter aux attaques sans précédent de la droite néo-libérale conservatrice intégriste. On vit mal sous Sarkozy. Tant que le PS ne comprend pas que c’est dans le combat au jour le jour dès maintenant, que c’est dans le présent que se joue l’avenir, il reste inaudible et ses porte-parole aussi quels qu’ils soient.

L’élection suivante est européenne, l’autre est régionale. Pour l’Européenne, il n’y a qu’une chance de mobiliser : proposer une Europe de gauche en rupture avec la sale Europe des 65 h par semaine! Oui, la «sale» Europe, car une «Europe» pareille, c’est à dégoûter des dizaines de millions de gens! La dernière fois que le PS a remporté des européennes, en 2004, c’est parce qu’il défendait, et c’était grâce à nous, une Europe des 35 h ! Une Europe du Smic unique européen !

La régionale qu’en attendre? De gagner l’Alsace? Non, de défendre nos régions contre la politique de désengagement de l’état! Car l’état renvoie sur des régions impuissantes tout ce qu’il ne veut plus faire: l’accepter c’est se couler, c’est éclater le pays, la nation, pas la peine de chanter la Marseillaise, car les multinationales auront toujours plus facile à traiter avec des régions qu’avec un puissant état centralisé et volontariste en économie! Réclamer une fiscalité centrale, péréquationnée, redistributrice et ne pas cultiver le culte du Poitou-Charente!

De toute façon, ce ne sont pas « les élections » de 2009 et 2010 qui hantent notre peuple de gauche. C’est comment on vit au jour le jour. Les fins de mois sont dures. Ce régime réac, ultra libéral de Bling-Bling est irrespirable jusqu’à pousser au désespoir. Le congrès de Reims, c’est répondre à cette angoisse, à cette haine qui monte et qui va exploser. Il faut vraiment être en dehors, ou englué au sommet du parti pour ne pas le voir.

 

Désigner les chefs?

Reprenons Ségolène: elle a craint, à juste titre, pour son appartement cambriolé (on la soutient!) mais prend position pour « la retraite par points ». La « retraite par points », c’est l’objectif du Medef partagé par la CFDT et Bayrou. Finis les trimestres de cotisations reconnus pour les femmes qui ont élevés des enfants, finis les trimestres pour les périodes de chômage… Quelqu’un en a-t-il discuté dans le parti ? Quelqu’un comprend l’importance de la chose?

Déjà dans le projet socialiste adopté par le parti en juin et juillet 2006, il y avait la «retraite à la carte», j’avais proposé de l’enlever et de remettre la «retraite à 60 ans», j’avais été entendu. Même François Hollande, m’avait dit en privé, avec un sourire, «Tu nous a sauvé de la retraite à la carte ! ». Sauf que pas une fois, pas une, cela n’avait été abordé dans la campagne présidentielle par notre candidate! Pas un mot, un seul, sur une des questions essentielles dans tous les sondages pour les Français!

Reprenons Bertrand : un «bide» véritable sur le «je suis socialiste et libéral ». Nous sommes socialistes et socialistes! Pas libéral quand «libéral» veut dire Sarkozy. Quels tristes conseillers en communication peuvent conseiller un tel slogan? Et que dit Bertrand « de gauche »? Il gère, il brille mais que dit-il de gauche? Vous savez comme dans ce film italien où le héros est devant sa télé et réclame à D’Alema: «Dis-nous quelque chose de gauche… »

Bertrand et Ségolène se sont neutralisés dans cette quête à la brillance sans résonance à gauche. Pour prétendre diriger et gouverner il faut tenir un programme de rupture antilibéral. Leurs « flop » médiatiques commencent là: pourtant les médias s’affriolaient d’un «duel» Ségolène-Bertrand, il en aurait raconté de belles sur «leurs personnes», mais leurs personnes, le peuple de gauche s’en bat l’œil … Quel programme ? Quoi sur les salaires ? Quoi sur les 35 h et du code du travail ? Quoi sur la précarité ? Moi, je bosse, moi je ne m’en sors pas… La fin du mois commence le 10…

Reconstruire

mais sur quelle base?

Plus intelligents sont les «reconstructeurs» qui ont compris cela, un parti ce n’est pas de la poudre aux yeux ni du télévangélisme. Mais que disent les «reconstructeurs»? Personne ne sait. «Besoin de gauche»? Alors là assurément! Plus que de besoin ! Mais quoi? Qu’est ce que je gagne? Qu’est ce que vont gagner mes enfants avec ce système de pillage par les riches? Puis-je devenir riche? C’est comme gagner au loto: je peux! Mais si je ne gagne pas? ça se saurait si le travail enrichissait: ce qui enrichit ce n’est jamais le travail, c’est l’exploitation du travail des autres! Les reconstructeurs, on ne les LIT pas: alors sont-ils pour DSK ou Laurent de façon cachée, attentiste? 2012 encore?

Tout de suite, qu’est-ce qu’ils disent? On ne LIT pas. Quid des 35 h ? il y a même un doute de savoir s’ils sont pour. La retraite à 60 ans ? Silence.

Ils disent en confidence que ce n’est plus possible… Le code du travail, ils ne s’y sont pas intéressés une seconde, pire, dans la déclaration de principes du PS, ils ont oublié d’en parler. Ils ont écrit le mot «assistanat» mais ils n’ont pas pensé à mettre le mot « salariat ». Bigre ! La T2A qui casse l’hôpital, ils sont «pour», le Smic à 1500 euros, ils n’en parlent pas ou plus…

Martine? Alors, si, elle est neuve, si elle est une femme, si elle s’y met, pourquoi pas ? Mais les « reconstructeurs » ne sont pas trop pour, eux qui ont leurs candidats prêts à gagner du temps mais pas prêts à se retirer. Martine, cela pourrait être un grand espoir! Mais que dit-elle de gauche sur le fond de plus que les autres? Elle a un ton plus social ? Mais le « ton » ne suffit pas.

Est-ce la politique de Jacques Delors qu’elle veut mettre en œuvre? En quoi cette politique aurait-elle une majorité aujourd’hui alors que Delors lui-même avait renoncé parce qu’il savait que cette politique (celle de Bayrou, de la direction de la CFDT) était minoritaire ? Et puis on se souvient de la mise en œuvre des 35 h. Au début, Martine, elle était carrément contre (tandis que Strauss-Kahn essayait de gagner du temps en décomposant leur mise en œuvre en deux lois étalées en cinq ans au lieu d’une). Elle les a fait mais en cédant du terrain, trop de terrain, au Medef. Elle semble en tirer les leçons: mais comment ça s’entend ? Ou ? Dans quel texte?

Oh ! Pas un texte général d’intention, on n’y croit plus, mais dans un texte précis, concret, chiffré ?

On en revient à l’essentiel : quid des salaires? Quid de la redistribution des richesses ?

Les « reconstructeurs » racontent qu’il faut d’abord les créer avant de les distribuer: antienne connue! Salariés, on vous rasera gratis demain, fournissez tout l’effort aujourd’hui !

Ils veulent un «socialisme de production»: oui, mais pour produire, il faut la mobilisation des gens, et vous ne l’aurez pas si vous ne redistribuez pas D’ABORD! Les richesses existent, il faut redistribuer, non? Pas claire leur réponse. Confuse la ligne médiane entre DSK et Laurent! Quelques-uns osent reprendre les mensonges sarkozistes : « On ne peut pas, les caisses sont vides, faute à la droite », on a entendu cela dans les hautes sphères. Ah, bon, alors on ne peut rien faire, sinon gérer la pénurie? Rejoindre Kouchner, Jouyet, et autres rocardiens qui croient plus à rien?

Reste

la gauche

du parti

Cernons-là. Elle va (ou peut aller) d’Emmanuelli à Mélenchon, de Lienemann à Filoche, de Hamon à Dolez.

Le « périmètre » peut être variable : on ne va pas s’entendre si le but n’est pas d’ancrer à gauche le PS mais de le scissionner!  Si, c’est pour faire une liste autre gauche aux européennes en 2009 au lieu de se battre pour une «seule gauche», c’est foutu d’avance, évidemment.

« Changer » (Marie-Noëlle Lienemann, Paul Quilés, Emmanuel Maurel) «Reconquêtes» (Henri Emmanuelli, Benoit Hamon, Pascal Cherki…) et D&S sont d’accord pour une gauche à vocation majoritaire et pas pour deux gauches. Jean-Luc Mélenchon qui a rencontrté D&S et Marc Dolez proposent eux aussi une gauche socialiste unie: il FAUT les prendre au mot! Il faut faire avancer le meilleur et plus attractif regroupement unitaire possible.

Oui, pour une gauche socialiste. Même s’il faut la construire cet été pièce par pièce. Solidement si possible. Nous souhaitons des textes croisés, des thèmes communs, une sorte d’université d’été commune, vers une motion commune, un travail collectif. Nous l’avons proposé par tous les canaux.

Faut-il faire une « gauche » ouverte ou fermée ? Ouverte bien sûr !

L’expérience de « Nouveau monde » et de « feu sur le quartier général » est un mauvais souvenir.

Trop ouverte? L’expérience de NPS, de la synthèse molle du Mans, et de son fiasco total est un autre mauvais souvenir.

Entre une « gauche » fermée et une « gauche » diluée, il doit y avoir un moyen terme, non ?

Une gauche pour ancrer le parti et gagner une vraie majorité, ou une « gauche » de témoignage, impuissante, minorisée?  Au départ, surtout dans l’actuelle situation étrange du parti d’où rien ne semble transparaître, nul ne peut savoir : il faut évidemment chercher à être majoritaire et pas « enfermé » dans une gauche marginale!

Mais pour aller chercher le « centre » du parti, voir les uns ou les autres, qu’est-ce qu’il faut faire sinon s’affirmer? L’unité de la gauche des socialistes est la seule solution. D’abord !

Il faut faire dans le parti

ce qu’on prône à l’extérieur : l’unité de la gauche

L’unité de la gauche socialiste serait un événement. C’est même le SEUL événement qui reste à créer et qui ne serait ni « personnel » ni « confus », ni Ségolène, ni Bertrand, ni X, ni reconstructeurs à géométrie variable…

Une gauche socialiste serait l’attrait, elle atteindrait une force qui s’imposerait aux autres, au lieu que « les autres » s’impose à elle…

Elle forcerait, en s’unissant, le débat, son contenu. On devrait trouver les moyens d’imposer les questions sociales au centre.

Il faut arrêter les méfiances : les uns qui croient être un marche-pied pour une «alliance au centre du parti » sans contenu, un magma… et qui refusent à juste titre ! Les autres qui ont peur de se marginaliser, entraînés contre leur gré, dans des choix de sortie du parti qui leur sont étrangers. On ne peut pas être le « derrière entre deux chaises » : selon nous, c’est dans le parti que cela se joue, pas ailleurs! Dedans et dehors à la fois ce n’est pas sérieux. C’est le parti qu’il faut gagner au nom et dans l’intérêt de toute la gauche! Nous voulons une seule gauche, nous combattons la pseudo «théorie» des deux gauches! Une seule gauche, au Parti socialiste d’abord !

La gauche socialiste peut et doit exister, il faut qu’elle se rencontre, travaille, agisse, élabore et vite.

Qu’elle se donne ses propres garanties ! Qu’elle existe et attire! Qu’elle s’ouvre aussi et fasse les alliances nécessaires pour ancrer tout le parti à gauche!

C’est notre devoir d’été! D&S

Gérard Filoche

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