Reconstruire un réseau d’élus et d’acteurs locaux
L’action de 550 000 élus municipaux provenant de 35 500 communes, de 6 000 conseillers départementaux et régionaux structure la vie politique locale. Certes, cette représentation est très diverse, hétérogène, inégale en terme de pouvoir d’action et d’expérience territoriale, mais elle n’en constitue pas moins un élément important de la démocratie représentative.
Depuis des décennies, chaque parti essaie d’organiser sa fraction d’élus, mais, parmi ceux-ci, très peu sont membres d’une association partisane, car l’écrasante majorité est soucieuse de son indépendance, notamment en cette période de crise politique des partis traditionnels. Le modèle d’association organiquement liée à une organisation politique montre toutes ses limites et n’a d’ailleurs connu que peu de succès. Souvent ces associations constituaient en fait des commissions extérieures aux partis et servaient de tremplin pour acquérir des responsabilités départementales, sénatoriales ou parlementaires.
Échanger, débattre, co-construire
Il y a la place et l’opportunité de construire un réseau large, unitaire, démocratique et indépendant des partis ou de l’appareil d’État pouvant rassembler des élus de gauche de toutes obédiences. Cette conception est partagée par peu de courants politiques de gauche, mais correspond à l’aspiration de dizaines de milliers d’élus.
Une association regroupant des élus et des militants apportant une expérience, une expertise pourrait être ce cadre. Sa fonction serait d’être un nouveau lieu d’échanges, de transmissions d’expériences, un espace d’élaboration programmatique et d’actions, un lieu favorisant la formation d’élus qui cherchent à améliorer la vie dans la cité et à construire des alternatives concrètes au système.
L’association leur permettrait d’échanger sur les expériences de gestion sociale de gauche des collectivités : solidarité, démocratie, soutien à l’éducation – périscolaire et cantines scolaires –, aides à la vie associative culturelle et sportive, politique d’aménagement de la ville, des espaces publics et de construction des logements sociaux, transports collectifs et mobilités douces.
L’association pourrait mettre en réseau les élus qui s’engagent à favoriser et à soutenir l’innovation sociale, l’économie sociale et solidaire, le développement durable, les budgets participatifs, la solidarité avec les migrants, la solidarité internationale et la coopération décentralisée, le soutien aux luttes sociales et aux actions anti-TAFTA ou CETA, les prises de positions par rapport aux compteurs Linky, la défense des services publics, l’aide aux AMAP, la nourriture bio et les circuits courts dans les cantines et les crèches...
Agir local, penser global
À notre sens, pour construire ce réseau d’élus unitaire, il est tout aussi décisif d’avoir conscience des limites de la gestion des collectivités, que de refuser de laisser ce terrain aux néo-libéraux.
La plupart des élus locaux de gauche portent une volonté de transformation sociale qui ne s’arrête pas aux portes de la ville. Leurs actions sont liées aux combats politiques menés par l’ensemble des forces sociales à l’échelle nationale et européenne.
Si l’action politique locale contribue à résister au système néo-libéral, elle ne peut, ni ne doit s’enfermer dans une démarche de changement par en bas, dans un « municipalisme » qui se suffirait à lui même sans poser les questions politiques centrales.
L’enjeu de 2020
Pourquoi, dès lors, ne pas ouvrir la perspective de listes citoyennes d’unité de la gauche pour les prochains scrutins locaux ? Il est urgent de favoriser les débats et les échanges d’expériences permettant ce rassemblement afin de nourrir les programmes municipaux et impliquer des milliers de militantes et de militants politiques de gauche, mais aussi toutes les citoyennes et tous les citoyens qui le souhaiteraient, dans les campagnes municipales de 2020. Cela doit commencer dès le début de l’année 2019.