GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Pour une Assemblée constituante européenne !

Voilà l'Europe en panne nous dit-on parce que les dirigeants libéraux, ne parviennent pas à se mettre d'accord pour savoir si c'est 50 % de pays rassemblant 60 % de la population où si c'est 60 % de pays rassemblant 65 % de la population qui incarneront la majorité qualifiée dans la future constitution.

Ils se sont disputés non pas sur le contenu de l'Europe mais sur qui allait la diriger. Ils n'ont pas débattu de « quelle société » mais de « combien de divisions » ?

Ils sont prêts à s'accorder sur tout sauf sur cela !

Ce débat, depuis les origines de la « convention Giscard » était pollué : les peuples n'y avaient pas leur mot à dire. Les socialistes auraient dû, parallèlement, à cette mauvaise structure, travailler, rassembler, élaborer, proposer un autre projet, le populariser, influer sur l'information la connaissance, la conscience des peuples. Ceux des socialistes qui étaient enfermés à huit clos avec la droite dans la « convention Giscard » étaient comme muselés et impuissants. La preuve : le projet soumis à la Cig était ultra libéral et même les libéraux l'ont fait échouer !

Il y a dans cet échec à la fois des explications démocratiques et des explications sociales.

Cette mauvaise constitution libérale européenne de Giscard est donc battue en ce mois de décembre 2003 et qu'est-ce qui arrive ? Est-ce la crise finale, le cataclysme qu'on nous avait annoncé ? Tous ceux qui étaient prêts à « avaler » une mauvaise constitution sous prétexte de « sauver l'Europe » avaient-ils raison ? Non, ils retardaient sur l'évolution. Certes l'Europe est face à elle-même, mais elle n'est pas morte ! Par contre un fait s'impose ; elle ne peut plus avancer comme avant. Il faut seulement comprendre, tirer les leçons, et trouver impérativement une autre méthode.

Finalement c'est une « crise » mais salutaire.

Tous les pays vont devoir recommencer à travailler pour surmonter ce désaccord. « Discorde » dit un journal, « La constitution au tapis » dit l'autre, « Il n'y a pas crise » dit Chirac, « Sommet de division » dit TV5, « Le spectre de Nice » dit un autre, « Coup d'arrêt à l'Europe » dit Le Parisien, « Retour de l'Europe à deux vitesses », « les pionniers de l'Europe vont reprendre le collier »... Ce n'est pas un drame si terrible, l'Europe de toute façon, continue... et elle va bien être obligée de remettre cela.

Au moins, ça fait litière de tous les arguments qui voulaient faire peur aux partisans du « non » à la pseudo-constitution Giscard en les menaçant de la « fin de l'Europe ».

On ne nous fera plus le coup de la dramatisation et du chantage à la crise. Giscard lui-même avait expliqué qu'il ne voulait pas céder : « Mieux vaut pas de constitution du tout, qu'une constitution mutilée ».

Les socialistes doivent faire preuve d'autant de courage que les libéraux et dire : « Il vaut mieux tout remettre sur le tapis que de voter une constitution libérale pour 50 ans ! ».

C'est l'occasion pour eux de s'affranchir de longues années d'erreurs pour aborder l'Europe nouvelle : ils doivent lancer un nouveau projet, dire quelle Europe, ils veulent, définir eux-mêmes un projet constitutionnel et le soumettre à débat, à la gauche, à tous, aux peuples !

Si nous, Nps, Nm (et avant « D&S ») nous sommes opposés à cette mauvaise constitution Giscard, c'est sur des questions bien plus sérieuses que celles qui l'ont fait échouer momentanément à Bruxelles en décembre : le contenu social ou non de l'Europe. Nos exigences sont infiniment plus décisives pour les peuples, pour leur adhésion, pour leur mobilisation en faveur de l'Europe, que ce qui a empêché l'accord entre les libéraux à la Cig.

Nous sommes donc surpris de la réaction de François Hollande : « C'est la faute à Paris et à Berlin » : « La méthode consistant à dire « on foule au pied les engagements qui sont imposés à tous, notamment sur le Pacte de stabilité, mais tout le monde se met à l'équerre derrière nous" par la suite ne fonctionne plus », a déclaré le premier secrétaire du Parti socialiste sur Europe 1.

"La manière dont Gerhard Schröder et Jacques Chirac ont abordé le sommet de Bruxelles n'a pas été de nature à favoriser l'union", a-t-il insisté. "La France et l'Allemagne (...) ont voulu démontrer qu'il suffisait de se mettre d'accord à deux pour qu'on se mette d'accord à 25".

Est-ce que cela signifie : - si on avait respecté ce « Pacte de stabilité » libéral, on aurait eu plus d'autorité pour faire adopter une constitution libérale ? .... parce si c'est cela, ce n'est pas le langage socialiste, ce n'est même pas le langage des « exigences socialistes votées au dernier Cn du Parti socialiste ».

Nous sommes contre le « Pacte de stabilité », stupide.

Nous sommes contre la Banque centrale européenne indépendante.

Nous sommes contre un projet de constitution déséquilibré en faveur du libéralisme.

Nous sommes contre une Constitution élaborée en dehors de la consultation des peuples.

Nous sommes pour une Assemblée Constituante européenne souveraine, démocratique, élue rapportant devant les peuples, et consultant les peuples.

Nous sommes pour une Europe sociale, à monnaie unique mais aussi à salaire minimum unique.

Pour nous, les délais qui courent à nouveau, doivent permettre de dire que ce qui est décisif, c'est le niveau du contenu social et démocratique de la Constitution : il faut reprendre le processus autrement, faire débattre les peuples de toute l'Europe sur la constitution , instituer une Assemblée constituante à l'occasion des prochaines élections européennes, les députés élus doivent reprendre le travail et re-proposer aux peuples un nouveau projet dans lequel il y ait cette dimension sociale et démocratique autrement plus ambitieuse que les sujets qui ont fait échouer le projet Giscard à Bruxelles ce 14 décembre.

le lundi 15 décembre 03

Gérard Filoche membre du Bn du Ps, Nps

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