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« Nationaliser Petroplus »

Nous reproduisons ici un article paru sur le site de Paris Normandie suite à la venue de Gérard Filoche et Marie-Noëlle Lienemann sur le site de Pétroplus à Petit-Couronne (76).

Industrie. L’ex-ministre Marie-Noëlle Lienemann et Gérard Filoche, tous deux de l’aile gauche du Parti socialiste, étaient hier à Petit-Couronne pour défendre la raffinerie.

Gérard Filoche et Marie-Noëlle Lienemann, hier à Petit-Couronne

Quatre dossiers de repreneurs potentiels, dont la fusion prévue ce mardi des offres suisse et angolaise, et une autre proposition à venir : Yvon Scornet, de la CGT Petroplus, n’ira pas dans le sens du préfet Pierre-Henry Maccioni (nos précédentes éditions). Pour le syndicaliste, il reste des raisons de se battre pour la relance de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne (près de Rouen). Et ce ne sont pas la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann ou le membre du bureau national du PS Gérard Filoche qui le contrediront. Les deux socialistes, membres de « Maintenant la gauche » (la frange gauche du PS), étaient hier à la raffinerie. Le temps est compté. De l’aveu même d’Yvon Scornet, « il reste quinze jours pour dire que la raffinerie peut repartir ».

Quel est le sens de votre présence ?

Gérard Filoche : « Marie-Noëlle est parlementaire. Moi, membre du bureau national PS. C’est aberrant que la politique de la gauche et de notre président soit axée sur l’emploi et l’industrie et que, sur le terrain, quand il y a des possibilités de relance, on ne fasse rien ! On va donner 2,685 milliards d’euros à Dexia, une banque qui ne marchera pas, et on ne fait rien pour cette raffinerie ? »

Faudrait-il la nationaliser ?

G. F. : « Oui. Nationalisation n’est pas un gros mot ! Oui, oui, et oui ! On défend notre gouvernement. Mais on a des inquiétudes, bien que l’on soit socialiste… »

Marie-Noëlle Lienemann : « Si on n’a pas tout essayé, on a une responsabilité. Comment expliquer que la France ferme une usine qui lui fournit 40 % de son bitume ? Ça n’a pas de sens pour la balance commerciale, pour l’environnement… C’est là que j’interviens en tant que parlementaire. Il faut un examen bienveillant de toutes les hypothèses de reprise et une nationalisation temporaire du site. Nous sommes là pour que le dossier soit politiquement rouvert. »

Le préfet de région maintient qu’il ne faut plus penser à une reprise mais à une réindustrialisation du site. Qu’en pensez-vous ?

M.-N. L. : « D’abord, ce n’est qu’un préfet. Il y a un gouvernement dans ce pays. Des raffineries ouvrent à Dubaï et on n’en aurait pas besoin en France ? Et le bitume, on le fait où ? À chaque fois que l’on désindustrialise, on nous dit « Pas grave, on va réindustrialiser ». Les Français attendent de voir. Mais ça ne rendra pas les emplois perdus, les 500 directs et les 4 000 induits. »

G. F. : « La ligne officielle du gouvernement c’est de faire baisser le chômage. Moi, je défends cette ligne officielle. Je m’en fous de ce que dit le préfet. Des projets de réindustrialisation… On ferme plus que l’on ouvre ! »

M.-N. L. : « L’État ne peut pas être une boîte noire. Qu’il dise précisément pourquoi c’est non. Si la branche raffinage disparaît en France, on ne la fera pas revenir. Ce n’est pas une grande entreprise multinationale qui prétend être française qui va faire la politique énergétique de la France. C’est au gouvernement de nommer des experts indépendants sur l’indépendance énergétique de la France. »

G. F. : « Oui, ce n’est pas Monsieur de Margerie [le PDG de Total qui évoquait une surcapacité de raffinage en France, NDLR] qui dirige la France ! »

Anthony Quindroit a.quindroit@presse-normande.com

Article publié sur le site de Paris-Normandie

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