GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

Macron, ça suffit : démission !

Il n’en manque décidément pas une ! Quelques jours après avoir comparé le FN à Syriza, le « philosophe » de Bercy persiste et signe. Cette fois, en tant qu’historien, puisqu’il a affirmé dans une interview au journal Le Un du 8 juillet 2015 que, « dans la politique française, [...] la figure du Roi » constitue le grand absent. Et même un absent regrettable, pour Macron, puisqu’à ses dires, « la démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude ». Non, non, ce n’est ni un article du Gorafi, ni un canular. Il a bel et bien osé dire une telle énormité ! Il paraît que c’est à cela qu’on les reconnaît...

Déni de démocratie

Dans le fatras éclectique qui constitue le corpus idéologique de Macron, il y a donc une cohérence. : le refus de la démocratie. Les perles du ministre sur ces jeunes qui devraient rêver de devenir « millionnaires », sur les chômeurs qui s’illusionnent à « tout attendre de l’autre », dissimulent en effet largement ce cap fondamental. Macron méprise autant le peuple souverain que la délibération collective et se gargarise d’une lecture mal digérée de la théorie platonicienne du philosophe roi. Cette haine de la démocratie peut se lire entre les lignes dans la récente déclaration de Macron sur le FN. Quand il affirme que la première responsabilité d’un politique, « ce n'est pas stigmatiser les électeurs, c'est de leur apporter des réponses fortes [...], de leur expliquer ce qu’il fait, [...], d'assumer [se]s choix dans toutes leurs dimensions », le Mozart de la politique française ne fait-il pas des citoyens, rétrogradés au rang de simples « électeurs », des éternels mineurs que l’élite doit séduire, convaincre et parfois mater, mais qui sont tout bonnement incapables de la moindre action indépendante et éclairée. Il est piquant de noter cette cohérence chez le ministre qui a porté une loi tellement régressive et minoritaire qu’elle a imposé à deux reprises au gouvernement de recourir au 49.3...

Orléanisme ou Action Française ?

Ce qui frappe également dans la confidence de Macron, c’est qu’elle nous ouvre par ailleurs sur l’arrière-monde idéologique de notre « philosophe ». Il aurait été légitime de penser que ce banquier se considérait globalement comme un héritier de l’orléanisme du XIXe siècle, c’est-à-dire de la faction monarchiste la plus libérale qui finit par rallier la république dans les années 1880. Mais, grâce à sa déclaration, le masque du banquier orléaniste tombe et nous pouvons contempler le véritable visage d’Emmanuel Macron : celui d’un réactionnaire sur toute la ligne. Il affirme en effet que « le peuple français n’a pas voulu la mort [de Louis XVI]. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif ». Ainsi, le trône de France, renversée par une minorité d’activistes le 10 août 1792, a été définitivement détruit par les conventionnels qui, en votant la mort du roi sans en appeler au peuple, ont violé les droits de la majorité silencieuse. Macron nous refait sans pudeur le coup du « bon peuple » attaché à ses valeurs communautaires traditionnels – donc à la figure royale – contre les élites nouvelles perverties par les idées abstraites des Lumières. Nous ne sommes plus chez Guizot, nous sommes passés avec armes et bagages chez Maurras ! Par sa confidence, Macron nous révèle donc son appartenance, non à l’orléanisme qui est finalement le patrimoine commun du centre-droit et des sociaux-libéraux, mais au courant de la vieille droite contre-révolutionnaire incarnée par l’Action Française !

Assez de provocation !

Après les terribles reculs de ses deux lois scélérates, peut-on imaginer pire provocation de la part d’un ministre qui lance depuis sa nomination les pires anathèmes sur les militants socialistes se battant quotidiennement pour sauver le quinquennat ? Peut-on attaquer plus frontalement le Parti qu’en se plaçant sciemment aux antipodes de ses valeurs issues de la Grande révolution et de la tradition républicaine française du XIXe siècle ? Peut-on insulter davantage les militants qu’en leur faisant cet ultime pied-de-nez, bras dessus-bras dessous avec le fantôme de Maurras ? Nous sommes probablement des milliers à ne plus pouvoir supporter la morgue de ces dirigeants qui font si peu de cas du mandat démocratique de 2012 et qui n’ont que mépris pour ceux qui s’efforcent inlassablement de le leur rappeler. Il est temps de mener ensemble campagne, sans aucune exclusive, dans les rangs du Parti, pour exiger et obtenir de François Hollande la démission de ce ministre qui déshonore les valeurs et la politique socialistes.

Document PDF à télécharger
L’article en PDF

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS




La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…