GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

La revue DS L'infolettre

Les enjeux d’une séquence difficile

Si les élections départementales avaient lieu le prochain week-end le gros score (en pourcentage) du Front National serait l'évènement. Cela ne se traduirait pas nécessairement en une majorité de sièges. Mais on aurait tort de relativiser cette poussée électorale.

La situation est en effet tendue à un tel point que l’extrême droite a réussi à se faire passer pour une alternative à la droite et à la gauche.

Les responsables se trouvent dans la droite et dans la gauche.

Dans la droite car depuis 2002 puis pendant cinq années de « sarkozisme » , il y a eu banalisation des thématiques du FN. Le débat sur l’identité nationale en a été le marqueur principal et la collusion avec les thèses de Buisson l’illustration la plus achevée.

Et pourtant Sarkozy fut rejeté en 2012 par un candidat promettant de re-négocier un traité européen, de s’en prendre à la finance responsable de la crise, d’engager une réforme fiscale et une réforme bancaire d’ampleur, de répondre aux attentes sociales sur l’emploi, les salaires, les retraites… du haut de tribunes installées devant les usines promises à la délocalisation ou à l’appétit des fonds de pension.

La désillusion est massive. Nous y sommes confrontés dans les cages d’escaliers lors des porte-à-porte et sur les marchés. Elle explique de l'abstention en masse des électeurs de gauche mais également le glissement d'une partie de l’électorat populaire vers le vote FN. Tous les auraient trahis : c’est ce que pensent et disent des milliers d’électeurs en votant FN ou en s’abstenant.

Les responsables se trouvent aussi dans la gauche car, au gouvernement, elle est apparue comme prolongeant la politique menée précédemment sur l’Europe, l’économique et le social.

FN, « Frondeurs… » … des sondages cohérents

Les résultats des sondages publiés ces derniers jours sont le reflet, au plan de l’expression politique, des profondes blessures de la société française sur le plan économique et social.

Lorsque, il y a quelques jours, les électeurs sont interrogés sur les « frondeurs » , 65 % jugent "normal" qu'ils s'opposent au gouvernement et 70 % estiment que le PS devrait "rappeler à François Hollande ses engagements de campagne".

Les députés frondeurs au sein du Parti socialiste recueillent 55 % de bonnes opinions.

Des intentions de vote pour le FN (de 29 à 33 %) au sondage sur les frondeurs (55 à 70 %) , on voit apparaître ce que devrait être le clivage réel de la société française !

Que les frondeurs rappellent les engagements de François Hollande, ils sont plébiscités majoritairement. C’est dire qu’une politique de gauche s’appuyant sur les propositions développées en 2011-2012 serait de nature à rassembler largement la gauche.

Car il y a bien une question qui se pose : pour rassembler la gauche face à la montée du FN, il faut des propositions partagées, une orientation politique.

Mais l’orientation à elle seule ne suffit pas ! On voit que Front de gauche ou EELV plafonnent dans les sondages même lorsqu’ils critiquent les orientations gouvernementales ou qu’ils portent des orientations proches des ressorts qui ont fait gagner Hollande en 2012.

Il faut aussi l’unité pour construire une perspective. Pas l’unité sans contenu ânonnée parfois contre le danger FN. Pas l’unité de quelques uns ! L’unité de tous sur un contenu.

Reprendre l’initiative à gauche

Si à l’occasion de la reprise des travaux parlementaires des propositions étaient mises en débat à l’Assemblée pour revaloriser le salaire minimum, lutter contre les licenciements, revaloriser les retraites, l’APA… si les moyens financiers pour la solidarité étaient affectés aux départements en renonçant aux réductions budgétaires… alors l'unité pourrait se constituer à gauche sur les bancs de l’Assemblée et irriguer à travers le pays.

Réformer la Prime pour l’emploi et le RSA ne constitue pas un signe de gauche lorsqu’on donne aux plus pauvres en prélevant sur les revenus qui dépassent le SMIC. Même si c’est mieux que de réduire davantage le coût du travail comme le propose la droite.

Avec un discours de gauche, des propositions de gauche, les semaines à venir amélioreraient les résultats électoraux, boosteraient les militants en campagne et réduiraient le score du FN. Ils amorceraient surtout le changement de cap économique et social qui s’impose tant pour la France que pour l’Europe.

Tout porte à penser que ce ne sont pas les intentions de Manuel Valls et Emmanuel Macron tout à l’approfondissement de leur dérive libérale. On annonce même de nouvelles réductions d’emploi dans les hôpitaux. Valls et Macron nous emmènent dans le mur !

Raison de plus de travailler à unifier les forces sur le terrain social comme sur le terrain politique pour qu'elles convergent et puissent écrire une nouvelle page politique à gauche, autre que celle engagée depuis deux ans.

Unifier à gauche, ouvrir une perspective, changer de cap

Ce n’est possible que si la bataille pour faire battre le FN et la droite est menée. Et ça passe, en dépit de la politique du gouvernement, par l’élection d’une majorité d’élus départementaux de gauche dans le maximum de cantons. C’est la bataille menée par des dizaines de milliers de militants socialistes en campagne mobilisés pour maintenir à gauche de nombreux départements, pour faire élire des conseillers départementaux progressistes. Et pour gagner cette bataille, ils attendent de leurs dirigeants un discours fort et clair : à gauche !

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