GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Le patrimoine de celles et ceux qui n’ont rien

Aux yeux du mémorialiste entré « par effraction » à l’Élysée il y a plus de deux ans, les citoyens de la République française ont en commun une histoire (ensanglantée par la Révolution, selon notre érudit auto-proclamé), des héros (de Pétain à... Chirac ?) et des valeurs (dont la générosité principielle est systématiquement altérée par le fameux « en même temps »), mais certainement pas des services et des infrastructures publics. Tout cela est, à l’en croire, d’un tel archaïsme...

Macron, Philippe et Darmanin n’ont que faire des services et des prestations apportés à l’ensemble de la population, et plus particulièrement aux plus démunis. Ce qui leur importe, c’est le satisfecit qu’ils espèrent se voir remettre par leurs véritables donneurs d’ordres, le Medef et la finance. Pour leur complaire, ces commis connaissent leur feuille de route sur le bout des doigts : baisse des dépenses publiques, baisse de la fiscalité sur les grandes fortunes et sur les entreprises, mais aussi exonérations en tout genre afin de renforcer « l’attractivité » du territoire français aux yeux des détenteurs de capitaux. Dans cette optique de classe, notre patrimoine collectif est considéré au mieux comme une variable d’ajustement, au pire comme un butin à dérober au plus vite.

Services au rabais

Les chiffres bruts du budget 2020 suffisent à prouver le peu de cas que fait le gouvernement du secteur public. Alors qu’en 2019, le déficit budgétaire devrait atteindre 3,1 % du PIB, le gouvernement prévoit qu’il s’établira à 2,2 % l’an prochain (soit une diminution de plus de 20 milliards d’euros). Nous ne sommes pas accrocs aux déficits, mais tout de même ! Réussir à le comprimer avec une croissance économique en berne – les prévisions avoisinent 1,3 %, et atteindre ce chiffre pourtant bas relèvera du miracle, vu la conjoncture internationale ! – implique que les prestations publiques seront nettement rabotées.

Comment expliquer que ce budget ultra-rigoriste soit présenté par la « grande presse » comme une réponse quasi keynésienne aux attentes sociales mises en lumière par le mouvement des Gilets jaunes ? C’est dans le fond relativement simple. Macron-Philippe-Darmanin tiennent le cap de la baisse de la fiscalité des entreprises (l’impôt sur les sociétés passera par exemple à 28 % en 2020, puis à 25 % en 2022), malgré un discours de façade contre les niches fiscales, tout en mettant en place dans la plus grande improvisation des mesures de « soutien au pouvoir d’achat » qui correspondent généralement à des baisses d’impôts (baisse de l’ISR « pour les ménages les plus modestes », défiscalisation des heures supplémentaires...).

L’autre solution pour améliorer la vie de nos concitoyens, ce serait naturellement d’augmenter le Smic et, par suite, l’ensemble des salaires. Mais cela, Macron et ses sbires aux ordres ne le veulent à aucun prix. Si le pouvoir tient dès lors à afficher, à des fins électoralistes, son souci des « petits » et des invisibles, il ne peut le faire que par des exonérations fiscales à même de doper artificiellement leur pouvoir d’achat. Mais ces baisses de recettes ajoutées à celles – incomparablement plus importantes – que nous coûtent les riches entraîneront, en raison de la sacro-sainte lutte contre les déficits, la compression des dépenses publiques, et donc la dégradation des services publics dont la masse de la population a tant besoin. Pour le dire autrement, Macron donne d’une main quelques misérables piécettes à tous ceux que, de l’autre, il entend dépouiller de leur patrimoine collectif, dont la valeur est inestimable ! Après la poudre de perlimpinpin, le tour de passe-passe...

Sous les projecteurs

Dans les pages suivantes, nous reviendrons sur la loi dite de « modernisation de la Fonction publique » qui s’apparente davantage à une loi de « destruction de la Fonction publique » (p. 10-11), mais aussi sur le sort de l’hôpital public qui subit aussi bien les coupes budgétaires que les attaques contre le statut des personnels, et dont la lutte exemplaire lui vaut d’être actuellement sous le feu des projecteurs (p. 8-9).

Cet article est l'introduction au dossier "menace sur nos communs" du numéro d'octobre 2019 de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

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