GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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« La Commune n'est pas morte ! »

141 ans après son écrasement, la Commune reste bien vivante, car elle constitue un pas décisif de l'humanité dans le sens de sa propre émancipation. Face à la rapacité des hobereaux prussiens et de leur caste militaire rétrograde, face à la couardise d'un gouvernement de « défense nationale » qui organisait la défaite et négociait secrètement avec Bismarck dans son dos, le peuple parisien a su se soulever. Malgré les rigueurs du siège et la famine qui le tiraillait, il a su redresser fièrement la tête pour clamer son refus de l'ordre des choses, c'est-à-dire la perpétuation éternelle des privilèges d'une infime minorité.

Le 18 mars 1871, en refusant son propre désarmement sur les pentes de Montmartre, le peuple parisien s'est lancé sans le savoir dans l'édification d'un État original qui, pour la première fois de l'Histoire, n'était pas dirigé pour et par des possédants alors en fuite, mais pour et par les travailleurs. Les membres de la Commune, où se côtoyaient petits patrons, artisans, ouvriers, fonctionnaires, intellectuels et artistes, représentaient admirablement la richesse de ce peuple laborieux. Dans son activité incessante, poussée en avant qu'elle était par un peuple mobilisé qui comptait bien s'approprier la souveraineté populaire pour qu'elle ne soit plus un vain mot, la Commune a abattu un travail gigantesque. Elle a aboli la conscription, décrété les moratoires sur les loyers et les dettes, ainsi que l'interdiction du travail de nuit. Elle a fait des élus des mandataires responsables et révocables et leur a imposé un salaire moyen d'ouvrier. Elle a mis en place un enseignement général pour tous et a même séparé l'État de l'Église, cette « infâme » qui trompait le peuple en lui promettant la félicité, mais seulement dans l'au-delà... La Commune a enfin amélioré le sort des femmes plus que ne le firent des dizaines de prudentes réformes au XXe siècle. Marx était prêt de la vérité quand il affirmait que le peuple parisien était parti « à l'assaut du ciel » en ce beau printemps 1871.

Mais plus dure en fut la chute. Car la Commune, première ébauche d'une république sociale qui s'attelait à détruire la vielle machine d'État avec sa violence et sa corruption, ne pouvait que susciter une haine inexpiable dans la belle société qui se voyait privée de son monopole sur le pouvoir. Pour elle, la reprise de Paris était une tache impérieuse qui fut menée de façon systématique par Thiers et par les généraux réactionnaires qui avaient été bien incapables de défendre la patrie pendant la guerre de 1870... Profitant des hésitations de la Commune, ils purent réorganiser une armée en lambeaux et la faire pénétrer dans Paris le 21 mai. Les Communards résistèrent vaillamment dans leurs bastions de l'Est parisien, mais ils furent finalement submergés. Le 28 mai, la « Semaine sanglante » faisait retentir ses dernières salves au Mur des Fédérés où les derniers combattants furent exterminés. La violence des possédants fut à la hauteur de l'audace de l'insurrection populaire : 20 000 communards furent massacrés. La répression ne faisait d'ailleurs que commencer puisque 5000 travailleurs furent condamnés à de lourdes peines de prison et qu'ils étaient au moins autant à prendre le chemin de l'exil.

« Le Paris ouvrier, avec sa Commune, sera célébré à jamais comme le glorieux fourrier d'une société nouvelle. Le souvenir de ses martyrs est conservé pieusement dans le grand cœur de la classe ouvrière. Ses exterminateurs, l'histoire les a déjà cloués à un pilori éternel, et toutes les prières de leurs prêtres n'arriveront pas à les en libérer », Karl Marx, La Guerre civile en France.

Pour continuer ces combats et rendre hommage aux camarades tombés pour la commune, nous nous retrouverons vendredi 28 mai 2010 à 18 h 30 au mur des fédérés. Accès par la porte Gambetta, Rue des Rondeaux, Paris XXe, métro Gambetta.

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