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La Banque Centrale Européenne offre 1 140 milliards d’euros aux banques

1 616 milliards d'euros (13 % du PIB de l’Union européenne) avaient été accordés aux banques européennes, par les États de l'Union européenne entre 2008 et 2011, après la crise financière de 2007-2008. 442 milliards d’euros de ces 1 616 milliards avaient permis aux banques de se recapitaliser.

En décembre 2011 et février 2012, un total de 1 018 milliards de crédit dit « LTRO » avait été accordé par la Banque centrale européenne (BCE) aux banques européennes à un taux de 1 %. Ces mêmes banques prêtaient aussitôt, aux Etats européens, les liquidités qui venaient de leur être aussi généreusement accordées, mais à des taux allant jusqu’à 7 % !

Le pactole continuera de couler pour les banques avec le « quantitative easing » (« QE ») de 1 140 milliards d’euros annoncé par Mario Draghi, sans la moindre garantie que ce pactole profitera à l’ «économie réelle ». C’est la même méthode que pour le pacte de responsabilité : rien n’est exigé des banques, une totale confiance leur est faite pour qu’elles choisissent de prêter aux entreprises et aux particuliers, plutôt que de continuer à gonfler les bulles spéculatives.

La principale limite du plan Draghi tient à l’absence de plan de relance de l’économie en Europe. La politique européenne ne marche que sur une jambe, la politique monétaire. Il lui faut, absolument, une autre jambe, la politique budgétaire. Le 22 août, Mario Draghi, lui-même, avait estimé que le « QE » qu’il prévoyait ne serait efficace qu’accompagné d’une relance budgétaire.

Cette relance, ce n’est pas le « Plan Juncker » qui pourra l’assurer. Il repose en tout et pour tout sur 21 milliards d’euros de fonds publics (dont 6 milliards d’argent frais !) et a, à peu près, autant de consistance que le « pacte de croissance » de François Hollande de 2012, bâti sur la même chimère de mélange d’argent public et d’argent privé. Un « pacte » dont les effets ont été nuls et dont personne ne parle même plus aujourd’hui.

La transmission de cette politique à l’économie réelle dépendra donc des choix que feront les banques.

Pourquoi les banques choisiraient-elle de prêter aux entreprises alors qu’elles ne savent pas si, demain, ces entreprises, faute de débouchés, dans une économie déprimée, ne feront pas faillite ? Pourquoi les banques choisiraient-elle de faire crédit (auto, logement…) à des particuliers dont elles ne savent pas s’ils auront toujours, demain, un emploi ?

Les banques, pour ceux qui l’ignoreraient encore, ne sont pas guidées par la philanthropie mais par la recherche de la rentabilité (et pas n’importe laquelle) ! Avec les politiques d’austérité et les « réformes structurelles » qui étranglent l’économie, comment les banques pourraient-elles ne pas choisir d’utiliser les centaines de millions d’euros qui leur seront versés en contrepartie du rachat massif de titres de la dette publique, à spéculer, à alimenter l’économie casino ? Pour les banques, c’est Noël à Francfort !

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