Hommage à Paul Kersalé
Nous rendons ici hommage à Paul Kersalé, notre camarade et ami Paulo, militant socialiste du Finistère, ami de Démocratie&Socialisme, décédé le 31 mars dernier.
Paulo, c’était un rocher breton. C’est comme cela que je l’ai perçu dès que j’ai commencé à mieux le connaître, lui s’orientant vers la gauche socialiste, et ensemble, résistant aux dérives droitières du Parti socialiste. C’est dire si notre rencontre a d’abord été politique, et comment elle est devenue fraternelle.Un homme entier, honnête et courageux
C’est Paulo qui m’a joint peu à peu dans les cinq dernières années, au téléphone fréquemment, mais aussi dans les réunions nationales du PS. Puis il m’a invité à venir dans ses terres, ici à Brest, à Quimper, à Morgat, et Camaret. Il partageait l’indignation avec des dizaines de milliers de socialistes au fur et à mesure que se déroulait le quinquennat de François Hollande. Nous tombions des nues devant chaque trahison : le CICE, le pacte de responsabilité, les dizaines de milliards donnés pour rien aux patrons des grandes entreprises qui débauchaient au lieu d’embaucher ! Il le disait bien. « Il y a tellement de misère, tellement d’inégalités, pourquoi on fait ça ? Pourquoi on ne fait pas une politique de gauche pour l’emploi, pour les chômeurs, pour ceux qui travaillent trop dur, ceux qui n’y arrivent pas, pour les jeunes tenus à l’écart d’un travail digne, pour les petites retraites ? » C’est en causant de tout cela qu’on s’est rapprochés et que j’ai découvert, quel homme il était : le cœur sur la main, entier, honnête, courageux, obstiné. Il cherchait les solutions, s’indignait quand on n’y arrivait pas assez bien, ni assez vite. Il demandait et proposait sans cesse des initiatives pour que nous nous en sortions collectivement lorsqu’il participait aux conférences téléphoniques du comité de rédaction de notre revue, Démocratie Socialisme.
Un vrai socialiste
En un mot, c’était un vrai socialiste, dans la tradition de Jean Jaurès, pas d’Emmanuel Macron ni d’Emmanuel Valls. Je dirais un partageux. Dans la lignée de tous ces humains qui n’acceptent pas le monde barbare, inégal et dangereux que le capitalisme, sa finance, ses actionnaires, ses rentiers et ses banquiers nous imposent. Il savait comme nous qu’un monde meilleur est possible, qu’on peut redistribuer les immenses richesses que la France possède et qu’on peut faire du bien aux gens. Il avait mobilisé contre la scélérate loi El Khomri, en défense du Code du travail et, à Brest, avait fait qu’un amphithéâtre plein en discute dans l’unité. Ce ne sont pas les humains qui doivent être asservis aux entreprises, mais les entreprises qui doivent être asservies aux humains. Le socialisme combat la finance, il ne s’y soumet pas. On a discuté, réfléchi, râlé, on a combattu, et on était heureux que la gauche socialiste l’ait emporté à la primaire. On était pour la feuille de paie, une hausse massive du Smic, pour la retraite à 60 ans, pour interdire la précarité, pour un salaire maximum, pour taxer les dividendes au lieu de les abonder. On ne pensait pas que la société puisse bien se porter parce qu’on donne aux nantis et que les richesses ruissellent ensuite vers les plus pauvres. Les riches, ils pompent, ils pompent, ils siphonnent. Ils n’en ont jamais assez, ils ne rendent jamais. Le fossé se creuse et c’est comme cela que, dans le monde, 87 personnes possèdent plus que 3,5 milliards d’humains et qu’en France, deux milliardaires plus que 20 millions de Français. La France n’a jamais été aussi riche de son histoire et les richesses aussi mal partagées. Il aimait bien – il me l’avait dit – quand je disais cela dans les meetings. Il aimait bien qu’on dénonce les candidats du fric, les Le Pen, les Fillon et autres Macron. Il voulait lui aussi qu’on travaille à l’unité entre Hamon et Mélenchon pour être sûrs de gagner.
Une humanité chaleureuse
Tout ça avec une joie de vivre, une formidable disponibilité et une humanité chaleureuse. On buvait un coup et on mangeait des huîtres à Camaret, dont il parlait avec tendresse. La dernière fois, en avril 2016, il m’a promené pendant trois jours dans la pointe bretonne et je devais revenir cette semaine, les 7 et 8 avril. La semaine dernière encore, il m’avait contacté pour mettre au point de voyage, prévu à Châteaulin, puis à Creuzon et à Camaret. Il me disait son envie d’« y aller » contre le député sortant qui trahissait le socialisme en partant rejoindre la droite ultra-libérale et son prédicateur Macron. Rien ne m’a laissé prévoir sa disparition si brutale. L’avant-veille, il me laissait un message… Et puis j’ai appris la terrible nouvelle, presque fortuitement, incrédule.
Paulo, je m’attends toujours à recevoir un coup de téléphone de toi, à entendre le son de ta voix unique et tonique. C’est sûr, tu vas me relancer pour qu’on continue la bataille. En tout cas, tu n’aimerais pas qu’on ne continue pas, qu’on ne se batte pas. On va le faire, Paulo, pour toi et pour ta famille à laquelle je dis notre grande émotion et notre grande affection, la mienne et celle des très nombreux amis qui t’appréciaient énormément, dans la gauche socialiste et à D&S.
Paulo, vive la République sociale ! Vive les salariés qui produisent les richesses ! Vive la solidarité entre les êtres humains ! Vive les hommes comme toi, Paulo, qui ont participé et participeront à la chaîne ininterrompue du grand combat pour l’émancipation humaine.