Fragmentation et division ou rassemblement et union
Après une année 2023 de mobilisation sur les retraites dans l’unité syndicale, aucune traduction politique n’est venue confortée le mouvement social. Pire ! La belle promesse de la Nupes s’est évanouie et la gauche se présente divisée à la prochaine échéance électorale des européennes le 9 juin. Un sursaut est pourtant à portée de main : il y faut une mobilisation de toutes et de tous.
Concernant les élections européennes les bases d’une campagne commune existent. Elles ont été négociées dans le chapitre 8 du programme partagé de mai 2022. Nous avons repris l’essentiel des questions posées pour le prochain mandat du parlement européen (*).
Pour l’essentiel il s’agit d’imposer une harmonisation sociale et fiscale par le haut. Il est enfin plus qu’urgent de faire de l’Union européenne un levier majeur pour la bifurcation écologique.
Avec la crise de l’agriculture, la question des traités de libre-échange, des importations de pays à bas coûts (dont l’Ukraine) vient éclairer les enjeux.
La question des délocalisations a été pointée depuis des années et est devenue centrale au moment de la pandémie de Covid.
L’accord existe
Il y a accord sur l’urgence de la lutte contre la crise climatique, les sécheresses ou inondations. L’accord existe aussi sur la nécessité d’un budget européen, d’un recours à la fiscalité des sociétés et des milliardaires, d’une taxe sur les transactions financières ou d’un rôle nouveau de la BCE pour prêter directement aux États et à l’UE.
Les différences existent aussi et sont reprises dans le même chapitre 8 du programme de la Nupes.
Il y a désaccord sur l’Otan par exemple. Mais avec l’incertitude du résultat des élections aux USA, celle-ci s’estompe. L’idée que l’Europe devienne une puissance écoutée dans le monde, souveraine et indépendante des États-Unis et de l’Otan progresse.
Se battre pour transformer l’Europe c’est aussi se battre contre Macron
C’est lui, et lui seul, qui a mis le véto de la France à la directive européenne favorable aux travailleurs des plateformes type Uber. Macron ne veut pas de la présomption de salariat. Il veut des ubérisés partout et tape dans les acquis des salariés.
Il prépare une nouvelle loi pour casser la représentation des salariés dans les entreprises en rehaussant les seuils pour la mise en place des Comités sociaux et économiques (CSE) par exemple. Ce sont la plupart des entreprises qui en seraient privées si le seuil de 250 était adopté.
De même s’agissant du bénéfice des congés payés garanti pendant les arrêts maladie que la Cour de Cassation a validé, le patronat français est vent debout pour faire annuler cette règle par le pouvoir.
La question du social est capitale
C’est elle qui permet de s’adresser à des millions de salarié.e.s, de jeunes, de précaires en France et en Europe.
C’est elle qui permet de contrer l’extrême-droite. Une extrême droite qui s’oppose à la taxation des capitaux, qui est pour réduire les droits des chômeurs (comme Macron !) ; un Rassemblement national contre l’augmentation du Smic et des salaires mais pour la réduction des cotisations sociales.
Les questions écologiques et démocratiques sont déterminantes
C’est l’avenir de la planète qui est en jeu et le continent européen peut être aux avant-postes contre la pollution des sols, contre les énergies fossiles, pour une autre politique agricole etc …
La question de la place des citoyens, du mouvement syndical, des associations s’impose également pour transformer l’Europe et faire face aux milliers de lobbyistes qui veulent faire la loi.
La division est injustifiée
Pour justifier la division des arguments sont mis en avant. Il y aurait la question de la guerre. Pourtant personne ne prétend qu’il faut cesser l’aide militaire à l’Ukraine. C’est dans le chapitre 8 du programme partagé de la Nupes.
La question de l’adhésion à l’UE peut faire l’objet d’appréciations différentes certes mais elle est aujourd’hui érigée comme un argument pour cliver, diviser. Cette question est mise en avant alors que les conditions ne sont pas réunies pour une telle adhésion. Et qu’elle n’est pas possible à court terme. Tout le monde le sait ! N’en faisons donc pas artificiellement un point de division ; ce serait irresponsable i
Irresponsables sont aussi ceux qui déclarent nécessaire d’être en « économie de guerre » à l’instar de Raphaël Glucksmann.
Travailler au rassemblement
Débattre des enjeux réels, mettre au centre des urgences les questions sociales, écologiques, démocratiques est indispensable pour travailler au rassemblement.
Dès maintenant les forces unitaires, les milliers de militantes et militants de gauche et écologistes doivent s’atteler à la tâche du rassemblement. Rien ne serait pire que d’attendre le 10 juin pour constater la poussée électorale de l’extrême-droite. Rien ne serait plus démobilisateur que le spectacle de listes de gauche oscillant autour des 10% le soir du 10 juin.
Il faut agir pour rapprocher, rassembler, unir sur le terrain et prendre des initiatives pour un front commun, un front unitaire démocratique, écologique et social. C’est la seule voie de la raison et de l’espoir.
(*) Édito de la revue DS de février : "Les enjeux du 9 juin"