GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Existe-t-il un instinct collectif de survie ?

Cet article de notre camarade Natalie Francq est paru dans la revue Démocratie&Socialisme d’octobre 2015.

Le souci du lendemain (développement durable ) confond ses origines avec celles de l’humanité.

Le souci du lendemain implique un premier geste : ne pas gaspiller ce qui sera utile plus tard et maintenir l’usage des choses. C’est ce que fait l’humanité depuis près de 300 000 ans. Hier, au moyen-âge, le ménagement (l’ancêtre du management) s’appliquait à l’économie domestique aussi bien qu’au patrimoine royal. Quant au mot « durable »(1), il est employé dans une optique environnementale dès 1346, dans l'ordonnance de Brunoy, prise par Philippe VI de Valois, sur l'administration indispensable des forêts pour la construction navale. Ainsi la notion de ressource soumise à une exigence de soutenabilité, un renouvellement perpétuel, capable d'approvisionner une activité humaine, existe depuis plus de six siècles.

Mais voilà que la dernière révolution, celle dont nous sommes si fiers, la révolution industrielle, a changé la donne. Associée au penchant indéniable que les hommes ont, de se prendre pour des dieux, oubliant leurs origines et toujours prompts à vouloir dompter la nature, l'ère industrielle a un impact bouleversant et d'une rapidité jamais atteinte.

Pauvreté, croissance outrancière, surconsommation et dérèglement climatique :

Ces éléments sont reliés et dénoncés par de nombreuses personnalités depuis presque un siècle.

Dès le début du 20e siècle des voix se sont élevées pour critiquer le mode de croissance industrielle et mettre en évidence les impacts produits : inégalités géographiques, pollutions dangereuses et déchets non dégradables. A cela s’ajoute l’absence de souci des biens publics et communs tels que la qualité de l’eau et de l’air.

En 1920, A. Marshall a mis en lumière les effets externes dus aux activités industrielles.

En 1950, Wilhelm Vogt rappelait le problème de la faim dans le monde. Alfred Sauvy inventait l’expression Tiers-Monde, en 1952, pour désigner ces pays qui aspiraient à être reconnus. Dans son livre intitulé « L’Afrique noire est mal partie », publié en 1965, René Dumont dénonçait le pillage des ressources naturelles des pays d’Afrique au seul avantage des industries du monde développé. Il pointait les zones de pauvreté et les blocages qui enfonçaient les populations de ce continent dans la misère.

En 1962 Rachel Carson dénonçait, dans son livre « Le printemps silencieux », les méfaits du DDT qui sera interdit dix ans plus tard, en 1972, aux USA.

En 1968 le club de Rome est créé et ses réflexions conduisent à la publication en 1972 du rapport Meadows traduit en français « Halte à la croissance ! Les limites de la croissance ». Il souligne les interdépendances entre zones géographiques et activités économiques et met en évidence les effets de la croissance sans réserve qui quels que soient les scénarii, aboutit à une catastrophe pour l’humanité (pollutions majeures, pénurie d’eau, famines) dans une période comprise entre 2030 et 2050. Le catastrophisme et le radicalisme du rapport sont fortement critiqués.

Cependant, durant la décennie 1980 le grand public découvre les pluies acides, le trou dans la couche d’ozone, l’effet de serre, la déforestation, la désertification, l’érosion des sols, les marées noires, les accidents industriels de Minamata en 1968, Seveso en 1976, Feyzin en 1978, les risques nucléaires à Three Miles Island en 1972 et Tchernobyl en 1986… Ces quarante dernières années, le coût des catastrophes climatiques a été multiplié par 200 !

Autant d’éléments qui apparaissent comme les signaux d’une dégradation des conditions d’existence sur l’ensemble de la planète.

De l’ONU à la COP 21

La Commission mondiale sur l’environnement et le développement publie en 1987 « Notre Avenir à Tous » (ou Rapport Brundtland). Il définit la politique nécessaire pour parvenir à un « développement durable qui réponde aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».

Un an plus tard, en 1988 le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le G7, alertés par des scientifiques, créent le Groupe international d’experts pour le climat (GIEC) qui compte à ce jour 2 500 chercheurs.

En 1992, le 3e sommet de la terre à Rio de Janeiro lance la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la conférence annuelle des parties de la convention cadre des Nations Unies (COP/CMP) et adopte l’Agenda 21, calendrier des actions à mener dans le courant du 21e siècle.

La COP21, conférence annuelle des parties (entendre des pays) en est donc cette année à sa 21e édition. Elle se tiendra du 30 novembre au 11 décembre prochains à Paris.

Il n’existe pas d’instinct collectif de survie. Mais le 11 décembre, nous saurons si la volonté de survie de l‘humanité l’a emporté.

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(1): Durable ou soutenable ? Le terme de durable en français est plus lié à notre histoire qu’à une réelle différence de sens. (retour)

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