En cédant aux pressions de Merkel et aux chantages du Medef - des « pigeons » aux retraites en passant par l’ANI - François Hollande et Jean-Marc Ayrault alimentent les divisions à gauche et la déception des salariés, au risque de leur propre isolement.

Les résultats des législatives partielles ont déjà sonné l’alerte.

Le camp du monde du travail

La gauche, ce sont des valeurs, mais c’est d’abord et avant tout un camp social : celui du monde du travail, des salariés, qui représente 93 % de la population active.

Aujourd’hui, à la veille de la discussion parlementaire sur le projet de loi de finances 2014, le danger est grand de voir l’assise sociale et politique du gouvernement se resserrer un peu plus encore.

Les parlementaires du Front de Gauche ont d’ores et déjà annoncé qu’il ne voteraient pas le budget 2014 ; le débat principal qui semble devoir agiter le congrès d’EELV est celui de la poursuite ou non de la participation gouvernementale ; les oppositions et les incompréhensions quant à la politique menée jusqu’à présent par l’exécutif progressent aussi dans les rangs socialistes, parmi les militants, les élus et jusque sur les bancs de l’Assemblée, dépassant les motions issues de notre dernier congrès.

Comment, d’ailleurs, pourrait-il en être autrement ?

Nous avons promis « le redressement juste » et le budget 2014 se lit comme étant « juste le redressement », avec des coupes de près de 15 milliards d’euros dans les dépenses publiques.

Nous entendons « ras-le-bol fiscal » et « pause fiscale » quand nous voudrions entendre « réforme fiscale » et « justice fiscale ».

Vite, renouer avec l’esprit du Bourget !

C’est lorsque François Hollande déclare « mon ennemi (…) c’est la finance ! » qu’il permet un saut qualitatif de la campagne électorale en créant une dynamique nouvelle. Une dynamique d’adhésion, de rassemblement qui donne un débouché politique clair au rejet du sarkozysme et qui aboutit à la victoire de la gauche.

Les salariés ne s’y sont pas trompés, votant à 67% pour le candidat socialiste au second tour, avec un report de voix sans faute des électeurs ayant voté au premier tour pour le Front de Gauche ou Eva Joly.

Ce gouvernement peut et doit réussir ! Mais il doit pour cela changer de stratégie. S’isoler c’est s’affaiblir. Pour affronter le Medef et maitriser la finance, il faut au contraire élargir au maximum l’assise gouvernementale à gauche.

Le Parti socialiste a en cela un grand rôle à jouer. En tant que premier parti de la gauche, il est de notre responsabilité d’agir, pour inverser le cours des évènements. Nous connaissons la stratégie, celle de Jaurès, ressuscitée par Mitterrand : l’union de la gauche. Et nous avons un programme qui fait consensus à gauche : celui du Bourget.

Dans les villes comme au gouvernement, la gauche, toute la gauche a vocation à gouverner ensemble. Contrairement aux idées reçues défaitistes, la bataille des municipales sera la démonstration que partout, la gauche doit s’unir pour faire barrage à la droite, garder un maximum de communes à gauche et en gagner de nouvelles.

Appuyons-nous sur cette dynamique unitaire, renforçons-là par une perspective commune de gouvernement pour mettre en place le changement, maintenant.

Ressuscitons l’esprit du Bourget. Il a porté la gauche au pouvoir, il est la promesse de sa réussite.

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