GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

DSK soutient François Hollande...

En gros, le livre se veut théorique, explique que notre société est dorénavant structurée en un grand corps central, une grande couche moyenne... composée des salariés.

Il n'y aurait plus qu'environ 20 % d'exclus, de chômeurs en fin de droits, et non ré-insérables, de Rmistes, de travailleurs pauvres et précaires, de marginaux sociaux. Cette catégorie de pauvres et d'exclus serait l'ancien prolétariat révolutionnaire, le résidu de la division en classes antagonistes, cette ultime partie du peuple surexploitée et humiliée.

Il faut, dit DSK, avoir une politique adaptée à cette couche sociale écrasée, il faut la réintégrer au maximum de façon volontariste, et, pour cela prendre courageusement des mesures humanitaires, économiques et sociales, pour lesquelles elle n'a plus les forces de combattre par elle-même. Car, bien sûr, cette couche d'exclus, ne vote pas et ne lutte guère, elle est dépossédée de la puissance d'agir socialement, la droite l'ignore à cause de cela, elle ne fait plus peur, il n'y a pas de risque de révolution à cause d'elle.

Cependant les socialistes, parce qu'ils sont socialistes, doivent s'en préoccuper et soulager sa misère, l'aider, diminuer l'impact qu'elle a, malgré tout en tirant la société vers le bas, en menaçant son bien-être et son équilibre général.

Sans doute, faut-il mettre en place la Couverture maladie universelle, et la couverture-logement universelle. Sans doute faut-il lutter en priorité contre le chômage. Sans doute, faut-il faciliter les mesures de réinsertion, de formation sur toute la vie.

La partie volontariste de la politique, c'est de donner la main à ces exclus. Cette politique qui en résulte peut même prendre des formes "communicantes" spectaculaires : "zéro SDF."

Alors que sont les larges couches moyennes de DSK ?

Simple comme bonjour : il y a 88 % de la population active qui est salariée. L'éventail des salaires est entre 1 et 3 pour l'essentiel, 9 contrats sur 10 sont à durée indéterminée, mais pour DSK, c'est là ce qui constituerait... la "grande couche moyenne centrale".

Car selon DSK, ce salariat bénéficie des bienfaits du système (capitaliste) et ce qu'il veut, ce à quoi il aspire, c'est à en bénéficier mieux, davantage.

Le salariat est intégré, il n'est pas opposé au système, il s'y fond, il n'y est pas hostile, au contraire il le veut plus rentable, plus efficace... Voilà le nouveau boulot des socialistes en dehors de l'aide aux exclus.

L'horizon du système capitaliste est indépassable. Ce que doivent faire les socialistes, c'est donc faire mieux marcher l'industrie, le commerce, les échanges, l'innovation, la production, c'est rendre le capitalisme meilleur, afin de satisfaire les souhaits fondamentaux de cette grande couche sociale moyenne qui ne demande que cela.

C'est vrai que le salariat est le grand corps social dominant :

Évidemment, le changement social fondamental de toutes ces dernières décennies, c'est le développement de la puissance économique et sociale du salariat !

Au début du 20° siècle, nous avions 3 millions de salariés, en 1945, il y avait 50 % de la population active qui était salariée, et aujourd'hui il ne reste plus, parmi les actifs, que 12 % de non salariés. Le contrat de travail est devenu la norme sociale dominante. Nous sommes un pays de salariés : il y en a 15 515 703 dans le privé et 5 500 000 dans le public et para public. Les socialistes devraient effectivement être le parti des salariés : PS, parti socialiste, PS, parti des salariés.

Rien à voir avec la France paysanne de la 3° République, encore moins avec celle de la Commune.

Rien à voir non plus avec la révolution russe, bannissez toutes les confusions de vos têtes !

Ce ne sont plus les paysans, les libéraux, qui sont majoritaires mais ceux qui sont liés par un contrat de travail et qui n'ont que leur force de travail à vendre !

Ce ne sont pas, non plus, les "télétravailleurs" libéraux, free-lance, les atypiques, flexibles, ou "indépendants" rêvés par certains...

Le salariat ce n'est ni les exclus, ni les free lance, ni les précaires, ou "sans statuts", les "mobiles", au contraire, il y a un droit du travail, il y a encore 8,5 CDI sur 10, la durée des CDI (nous avons bien dit CDI, contrat à durée indéterminée) s'allonge, elle est passée de 10,5 ans à 11, 4 ans ! Même si la précarité augmente et menace, elle est, fort heureusement encore minoritaire.

Mais ce corps social dominant est en confrontation avec le système :

Mais le salariat n'est pas intégré au système capitaliste contrairement à ce que dit DSK, il n'est pas une "grande couche moyenne", il est LA couche spoliée, subordonnée, surexploitée du système.

Les inégalités se creusent et c'est la faute au système qui ne peut les résoudre. En vérité, il n'y a pas de "couche moyenne", il y a ceux qui possèdent et contrôlent les moyens de production, les 5 % de la population, les employeurs, actionnaires, rentiers, libéraux qui possèdent 50 % du patrimoine du pays. Si l'on veut simplifier : il y a 15 à 20 % d'exclus, 75 à 80 % de salariés, et 5 % de possédants.

Ceux qui produisent toute la richesse de ce pays, ce sont les 75 à 80 % de salariés, et pourtant ils n'en reçoivent qu'une part minoritaire, trop limitée, ils sont menacés de chômage en permanence, ils sont stressés, soumis à des cadences de plus en plus fortes. On leur fait du chantage à l'exclusion. Il n'y a plus de "coupure" entre "cols blancs" et "cols bleus", entre industrie et services, les cadres sont "prolétarisés", les "employés" aussi, autant sinon davantage que les "ouvriers", quelles soit leur qualification. Tous sont diversement exploités et concourent à l'extraction de la plus-value. Pour des salaires qui baissent alors que le capital ne cesse de spéculer, de fructifier sauvagement, éhontément.

Un salarié sur deux gagne moins de 8 600 F. 14 millions de salariés gagnent moins de 10 000 F. 17 % des salariés sont des "travailleurs pauvres". 9 % sont des précaires. Même les cadres ont vu leurs salaires baisser et 98 % des salaires sont inférieurs à 21 000 F. D'où le fait que le salariat est adversaire objectivement du système qui l'exploite.

Alors n'écoutez pas DSK, ni "le socialisme des pauvres", ni celui des "couches moyennes" par contre parlons du salariat, massif, nombreux, adressons nous à lui comme il l'attend de nous :

Le "montage", qui tient lieu d'analyse sociologico-politique de DSK ne tient pas : il reviendrait à marginaliser l'idéal socialiste, à le réduire à une charité d'une part, à une recherche de rentabilité rationalisée d'autre part, et il prétend qu'il n'y a plus de force sociale pour imposer un vrai changement.

Faux ! Nous sommes en France le pays de deux grèves générales en 30 ans, celle de 68 et celle de novembre décembre 95. Deux gréves où le salariat a montré sa puissance. Les 400 000 de Barcelone et les 3000 000 de Rome montrent aussi que le salariat européen est fort et sait, saura se faire entendre. Ces grands mouvements de grève et de mobilisation sont des prémices, comme Seattle, ou Porto Alegre. Il y a majoritairement dans le grand salariat, des exigences croissantes d'une rupture avec le systéme libéral, le salariat des pays riches est le mieux, placé, le plus nombreux, le plus conscient, le plus cultivé, le plus capable techniquement, économiquement, démocratiquement pour le faire savoir.

Pour reconstruire la gauche, il faut gagner les voix du salariat, en le comprenant, en le rassemblant, en le mobilisant. Ce qui compte, ce sont les salaires, les retraites, la santé, l'éducation, le droit du travail... Des mesures phares pour le salariat. Il faut redistribuer les richesses, ne pas laisser aux actionnaires, aux 5 % de rentiers-actionnaires-spéculateurs, le pouvoir. Il faut s'opposer au Medef, pas le prendre dans le sens du poil en feignant de croire que ce sont de bons amis, mais mal informés, et qu'on va faire mieux qu'eux. Il faut tenir le langage de la transformation sociale.

Confrontons les thèses de DSK, le bilan du 21 avril et la motion de François Hollande qu'il soutient !

Gérard Filoche

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