GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

De Jérusalem-Est à Ramallah : une décision honteuse pour la Suisse

Le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) a confirmé voici peu le déplacement des activités du Bureau de la coopération au développement (DDC) de Jérusalem-Est à Ramallah. Dans une lettre ouverte au Conseil fédéral, une quinzaine d’organisations pacifistes et de soutien au peuple palestinien ont qualifié à juste titre ce transfert de « décision honteuse pour la Suisse ».

Le Bureau de représentation de la Suisse (équivalent d’une Ambassade) auprès de l’Autorité palestinienne se trouvait déjà à Ramallah.

L’une des pires décisions

« Ce qui paraîtra à la majorité de nos concitoyens comme une simple décision administrative relevant de la rationalité économique – réunir deux bureaux exploités par le DFAE situés à une quinzaine de kilomètres l’un de l’autre – représente de fait par ses implications l’une des pires décisions politiques de l’histoire de notre politique étrangère », notent les signataires de la lettre. Ils rappellent que le Bureau de la DDC fut ouvert en 1994 à Jérusalem-Est dans la foulée des Accords d’Oslo qui prévoyaient la création d’un État palestinien à côté de l’État d’Israël. À l’époque, l’Union européenne avait fait de même, en installant sa représentation diplomatique auprès de l’Autorité palestinienne dans la Ville sainte.

Sous la pression d’Israël

Cette décision est d’autant plus dommageable que l’aide suisse a toujours été appréciée par les Palestiniens. Durant un quart de siècle, la DDC a en effet fourni, depuis son bureau de Jérusalem-Est, un soutien économique et humanitaire substantiel aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, ainsi que des outils de gouvernance (au niveau municipal) dans l’attente d’une résolution politique du conflit.

C’est toute cette symbolique et tout ce dynamisme qui ont été cassés, et cela parce que la Suisse a cédé aux pressions israéliennes. On relèvera toutefois que tout le monde ne partage pas cette façon de faire, puisqu’une organisation juive pour la justice et pour la paix en Palestine et en Israël, a signé la lettre ouverte.

Réactionnaire et incompétent

La décision suisse s’explique aussi par le fait que le libéral-radical Ignacio Cassis est le ministre le plus réactionnaire à avoir dirigé le Département des Affaires étrangères depuis belle lurette. Peut-être même depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale ! Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’en septembre 2017, lors de son élection au Conseil fédéral, il avait été particulièrement soutenu par les nationaux-populistes de l’Union démocratique du centre (UDC).

Ignacio Cassis étant aussi président de la Confédération cette année, les auteurs de la lettre ouverte l’on sévèrement réprimandé : « Que la Suisse montre ainsi la voie à suivre pour parfaire le nettoyage ethnique à petit feu du peuple palestinien sur ses propres terres est affligeant. Dans ces circonstances, votre année présidentielle commence très mal ». Ils ajoutent très justement qu’une paix durable au Proche-Orient n’est envisageable qu’en prenant en considération les aspirations légitimes des Israéliens comme des Palestiniens à vivre ensemble, « dans le respect de leur droit à exister ». L’autre particularité d’Ignacio Cassis, c’est qu’il est d’une rare incompétence. Depuis des mois, il n’a notamment pas été capable de recoller les pots cassés entre la Suisse et l’Union européenne, ce qui est tout aussi grave.

Cet article de notre ami Jean-Claude Rennwald (ancien député PS au Conseil national suisse, militant socialiste et syndical) a été publié dans le numéro 295 (mai 2022) de démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS




La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…