GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Jeunes

VIIIe congrès du MJS à Bordeaux

Plus de 500 jeunes socialistes se sont réunis près de Bordeaux du 2 au 4 novembre pour le VIIIe congrès du MJS. Temps fort de la vie de notre mouvement, le congrès permet de définir une ligne politique et de renouveler la direction nationale pour un mandat de deux ans.

Le texte d’orientation a rassemblé tous les courants et sensibilités. Quelques mois après la terrible défaite aux élections présidentielles et face à une politique gouvernementale agressive, créer les conditions d’une unité d’action des jeunes socialistes est une nécessité. Pour autant, si la ligne politique adoptée est unitaire dans ses grandes lignes, elle risque fort d’être bousculée par le rythme et le contenu des mouvements sociaux en préparation.

Une ligne politique générale commune…

Les jeunes socialistes s’accordent sur la critique du capitalisme financier. Le droit à l’avenir de la jeunesse, défini comme " le devoir pour une société d’assurer un futur meilleur aux générations suivantes ", se trouve menacé : plus qu’une crise générationnelle, c’est un des symptômes du fonctionnement destructeur d’un système socio-économique. Pour répondre à la mondialisation libérale, de nouveaux outils de régulation sont à inventer pour développer de nouvelles réponses collectives au besoin des individus et tracer les perspectives d’un développement durable. L’objectif est se lancer dans la " bataille culturelle " pour réactiver le clivage gauche / droite et préparer une union de la gauche.

… sans plate-forme revendicative concrète

Mais ces grands principes souffrent de ne pas s’appuyer sur une grille cohérente de compréhension de la société. Le rôle historique de destruction des conquêtes sociales que s’est donnée la droite sarkozyste n’est pas clairement identifié : le processus à l’œuvre constitue une nouvelle étape de cette lutte séculaire entre ceux qui détiennent les moyens de productions et ceux qui vendent leur force de travail.

Par ailleurs, l’absence de mots d’ordre clairs dans le texte d’orientation est la traduction d’une incapacité fondamentale à se positionner sur les mouvements sociaux et institutionnels à l’oeuvre ou en gestation : pas d’avis sur la réforme des universités, pas d’expression de soutien aux grèves sur les retraites, interdiction faite de discuter de l’Europe. De plus, des reculs sont à déplorer comme le refus de défendre la retraite à 60 ans, et le soutien à une retraite par point (projet défendu par le Modem). Sur cette question, c’est aussi la fragilité intellectuelle d’une partie du MJS qui a pu apparaître, dans la mesure où beaucoup n’arrivaient pas à saisir les enjeux de la question. Cette faiblesse est apparue également au travers du discours d’un membre éminent du bureau national confondant Maurice Barrès et Charles Maurras.

Enfin, il ne faut pas sous-estimer les recompositions à l’œuvre entre les différents courants à l’occasion de ce congrès. La fusion entre les courants Nouvelle Gauche (NG - proche de Benoît Hamon) et Alternative Socialiste (AS - proche d’Henri Emmanuelli) a donné naissance à un grand courant ultra majoritaire Transformer à Gauche (TàG). TàG, dont le nouveau président du MJS, Antoine Détourné est issu (en remplacement de Razzye Hammadi), ne donne pas l’impression d’avoir trouvé son rythme de fonctionnement. NG semble avoir " gauchisé " son discours en prenant acte de la critique du capitalisme financier mais a, au passage, littéralement avalé ce qui reste d’AS. Convergence réformiste (proche de Dominique Strauss-Kahn) est ensuite le courant minoritaire le plus structuré (une trentaine de délégués) sur la base d’une ligne " sociale-démocrate ". Les Jeunes Socialistes pour la Rénovation (JSR - proche d’Arnaud Montebourg), font leur apparition avec une quinzaine de délégués. La cohérence idéologique de ce groupe ne paraît guère assuré : il ne fut pas rare que les délégués de ce groupe votent sur un même texte "pour", " abstention " et " contre ". La sensibilité “Erasme”, proche de François Hollande, est apparue en net recul par rapport aux précédents congrès et n’est plus en mesure de jouer de rôle significatif. Notre jeune sensibilité, Offensive Socialiste, a par contre fait des premiers pas remarqués, notamment grâce à une intervention de Julien Guérin sur la nécessité de soutenir les mouvements sociaux. Le débat sur les résolutions a permis également à plusieurs de nos camarades d’intervenir et de faire connaître nos positions.

Au final, malgré un accord sur des grandes lignes politiques, la synthèse semble fragile. Au sortir de ce congrès, les jeunes socialistes ne peuvent se prévaloir d’une plate-forme revendicative qui aurait dû structurer leur action pour les mois à venir.

Ernest Simon, Jean-François Claudon, Julien Guérin

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