TCE et Code du travail
Cela se sent dans toutes les réunions à
travers la France. Des milliers de gens y
participent comme il y a tout juste un an,
aux origines du débat contre la
constitution ultra-libérale que l'on
voulait alors nous imposer. De ville en
ville, ils sont là, à nouveau, tous les soirs,
attentifs, et prennent des notes sur les
argumentaires les plus détaillés et
minutieux en défense du droit du travail.
Ils ne se contentent pas d'approximations,ne veulent pas de phrases
creuses, mais un discours construit,
méticuleux, permettant de démonter
toutes les allégations du gouvernement et
des médias à sa solde.
Les points communs à toutes ces réunions,
sont nombreux, que ce soit à Castelnaudary
ou Quimper, à Montfort en Chalosse ou à
Fontenay le Comte, à Rennes 1-Rennes 2 ou
à Censier : il y a un élan unitaire, car on a,
en face, une désinformation médiatique
insupportable. On résiste par internet, et les
réunions : une vaste éducation populaire se
met en place, le contenu politique antilibéral
est décapant. Il y a une détermination, une
soif de comprendre, considérables...
Mais surtout, il y a une quasi-certitude
d‘être encore plus majoritaire dans la
population, en symbiose avec la majorité
écrasante du salariat, des jeunes, puisqu'il
n'y a pas de « oui de gauche » : l'unité est
plus large, même les sociaux-libéraux se
disent contre le Cpe ! Tout cela augmente la
confiance, le sentiment qu'on peut et qu'on
doit gagner.
Surtout c'est l'arrogance de la propagande
libérale qui énerve : leurs certitudes
diffusées sans retenue que les Français sont
« hostiles à toute réforme qui pourtant
s'impose à eux », que « les salariés ne
travaillent pas assez » qu'il faut plus de
«précarité », « travailler plus et gagner
moins »... Les rires, de salle en salle, sont
aux mêmes endroits et les applaudissements
aussi : lorsqu'on appelle à se syndiquer,
lorsqu'on moque les rotomontades des
Parisot, Breton, Villepin, Borloo, lorsqu'on
réclame la hausse des salaires, de vrais
CDI...
Tout le monde rit quand on explique que
ceux qui, sous les directives de Villepin,
veulent actuellement ré-écrire tout le Code
du travail affirment que c'est parce « le
Code du travail qui est trop lourd, trop long,
trop compliqué » alors que ce sont les
mêmes qui défendaient le Traité
constitutionnel européen de 850 articles,
qui faisait centaines de pages et d'annexes,
pesant 4, 2 kg de papier et qu'ils ne
trouvaient pas trop « compliqué » pour le
soumettre au vote de 42 millions
d'électeurs.
Du particulier au général, dans chaque
débat, on part du droit du licenciement, et
tout de suite, on reparle de Lu, Danone,
Michelin puis de Moulinex et de Hewlett
Packard. Lionel Jospin, s'il veut revenir, a
intérêt à lâcher du lest sur le droit
d'inventaire!
On parle des salaires, et on évoque aussitôt
les 84,5 milliards d'euros de bénéfices des
entreprises du Cac 40 en 2005, et les 57
milliards d'euros de 2004...
On parle délocalisations et tout de suite de
Bolkestein et de Smic unique européen. On
cite les « emplois jeunes » et tout de suite
vient l'exigence de vrais Cdi. Le Ps n'a pas
intérêt à proposer de nouveaux « contrats de
qualif.». On parle chômage et immédiatement
de réduction du temps de travail sur
la semaine (35 h), et sur la vie (retraite à 60
ans). On parle de « baby-boom d'aprèsguerre
», et aussitôt surgit l'idée qu'il faut
ouvrir des concours dans la fonction
publique. On parle d'être « virés sans
motif » et on cite Zola, Germinal, un siècle
d'histoire, de combats pour la dignité. On
parle « entreprise » et on remet les pendules
à l'heure sur l'exploitation. On cite les
articles du Code, les jurisprudences, les
enjeux des prud'hommes, l'histoire du droit
social et de l'inspection du travail, on
reparle des inspecteurs assassinés en
Dordogne le 2 septembre 2004.
Chacun comprend que l'attaque contre le
Cpe est un élément de l'attaque d'ensemble
contre tout le Cdi, et ainsi de suite, ce sont
Chirac, Raffarin, Sarkozy, Villepin qui sont
jugés et condamnés. Sans oublier, Mme
Parisot, la mauvaise Fée Clochette qui veut
répandre la précarité partout et en revenir à
l'homme de Cromagnon.
M de Villepin, sans le savoir à ouvert la
porte des écoles populaires sur le droit du
travail.