GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Féminisme

Pilule, vent de panique

Nous reproduisons ici un article de notre camarade Virginie Houadec paru dans la revue Démocratie&Socialisme de janvier 2013

La contraception, c'est la libération des femmes

L'anthropologue Françoise Héritier, dans son livre Féminin masculin II dissoudre les hiérarchies montre comment les femmes se sont servies de la contraception comme d'un instrument d'autonomie. La génération des femmes qui ont aujourd'hui 60 ans est la première génération à avoir dans sa grande majorité décidé ou pas d'avoir un enfant. Il n'y a pas si longtemps les femmes vivaient enchainées à la fatalité des maternités successives et souvent non désirées. L'accès à la contraception et à l'avortement a permis une évolution historique : l'insertion des femmes dans la société comme personnes à part entière, même si elles subissent de nombreuses discriminations dans le monde du travail : temps partiel subi, salaires inférieurs.

Grâce à cette autonomie, elles ont investi la sphère publique, jusque là réservée aux hommes, et se sont engagées sur le terrain associatif, syndical, politique et culturel.

C'est pourquoi tous les événements qui touchent à la pilule (contraceptif majoritairement prescrit par les médecins et utilisé par les femmes) tels le remboursement ou le déremboursement, les évolutions des molécules...sont des marqueurs de l'évolution de notre société.

L'actualité

L'actualité se fait l'écho des dangers de certaines pilules contraceptives dites de 3ème et 4ème générations. Rappelons que c'est Xavier Bertrand qui a autorisé le remboursement de ces pilules alors que le MFPF les déconseillait. En effet elles contiennent un progestatif récent type désogestrel, gestodène, norgestimate ou drospirénone. À l'époque et encore aujourd'hui le planning familial conseillait de ne jamais donner une pilule de 3e ou 4e génération en première prescription, car aucune étude ne démontre à ce jour qu'elles présentent un intérêt supérieur aux pilules de 2e génération (lévonorgestrel). De plus, elles présentent un risque thrombo-embolique deux fois plus important que les pilules de 2e génération et beaucoup ne sont pas remboursées, ce qui peut représenter un budget élevé pour les utilisatrices.

En matière de médicament, le fait qu'un produit soit plus ancien ne signifie pas qu'il soit moins bon, c'est même souvent le contraire car il est mieux connu et mieux évalué au niveau des risques. Ne nous laissons pas piéger par le marketing.

La ministère des affaires sociales et de la santé a annoncé que les pilules de troisième et quatrième générations ne seront plus remboursées à partir du 31 mars 2013.

Pourquoi alors si les pilules des dernières générations sont dangereuses, ne pas les retirer du marché, sinon, pourquoi faire une hiérarchie entre les moyens de contraception. Enfin, si ces pilules n'ont pas de service médical rendu, pourquoi ne pas remettre en question leur autorisation de mise sur le marché ?

Dans les médias, les raccourcis visant à diaboliser la pilule, et cherchant à induire une inquiétude chez les femmes envers les pilules de deuxième génération est réel.

Des acquis encore fragiles

La contraception est considérée comme une marchandise. La promotion des moyens contraceptifs est laissée aux seuls trusts pharmaceutiques. Les campagnes nationales d'information sont rares.

La ministre Marisol Touraine affirme qu'il ne faut pas oublier que la pilule est un médicament. Certes, mais ce n'est pas un médicament comme les autres. C'est un outil d'émancipation des femmes, c'est un des vecteurs de l'égalité entre les hommes et les femmes.

Soyons vigilantes car de glissement en imprécision nous assistons à un désengagement qui affecte des domaines essentiels pour la vie des femmes.

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