Nous publions ici un article que notre ami Txetx Etcheverry, co-fondateur de Bizi et d'Alternatiba, nous a fait parvenir. Au delà du rendez-vous qu'il nous fixe à Bayonne les 6 et 7 octobre, il revient sur les choix à faire pour faire face à l'urgence climatique
Après un été qui a encore battu les records de température, qui a vu se multiplier les canicules prolongées, les incendies gigantesques, les inondations meurtrières, un nombre toujours croissant de migrants noyés en méditerranée ; on ne peut rappeler qu'une chose. Nous visionnons là la bande-annonce du film qui vient si nous ne bougeons pas massivement et maintenant. Après 40 ans d'alerte et de description détaillée de ce qui nous attend par les scientifiques ; maintenant que nous avons un avant-goût de ce qui nous attend ; allons-nous avoir un sursaut ? Allons-nous avoir ce sursaut indispensable pour préserver l'habitabilité de la planète pour les enfants nés aujourd'hui, ceux que nous emmenons tous les matins à la crèche ou à l'école ?
Ce mardi 28 août au matin, un homme a eu une attitude à la hauteur de l'enjeu et le jugement de l'Histoire en prendra acte. Le ministre d'État, ministre de la Transition écologique et solidaire, M. Nicolas Hulot, a annoncé son départ du gouvernement et chaque mot de son explication était lourd de sens. Affirmant qu'il nous reste dix ans pour empêcher la planète de devenir une étuve, il a souligné que la politique des petits pas ne serait pas de taille à enrayer la catastrophe annoncée. Il a appelé à changer d'échelle, de paradigme sous peine d'échouer dramatiquement.
Ce message s'adresse à nous toutes et tous : citoyens, militants, élus locaux, décideurs économiques et politiques. Beaucoup d'entre nous font déjà des choses qui vont dans le bon sens. Trier les déchets, développer quelques pistes cyclables ou introduire un peu de bio dans ses cantines scolaires ou dans ses menus quotidiens. Mais si l'on refuse de se voiler la face, de se mentir sur la réalité de la situation, force est de constater que cela n'est absolument pas suffisant. Depuis la COP21, en France au lieu de baisser, les émissions de gaz à effet de serre causes du dérèglement climatique ont augmenté ! C'est tout un système que l'on doit profondément transformer, et pas seulement quelques comportements. Comme le disait Nicolas Hulot au moment de l'annonce de son départ du gouvernement « cela fait 40 ans qu'on s'accommode de petits pas et c'est pour ça qu'on est dans une situation qui nous dépasse ».
Quel choix ferons nous ?
Nous sommes aujourd'hui devant un choix clair et sans appel. Dans les dix ans à venir, à compter d'aujourd'hui, ce que nous ferons ou ne ferons pas, ce que nous déciderons ou ne déciderons pas, individuellement et collectivement, produira un monde à +1,5°C ou un monde à +3°C.
A +1,5°C, nous aurons à gérer des conséquences du dérèglement climatique encore plus graves, beaucoup plus graves que celles que la planète connaît ces dernières années. Mais la situation sera encore potentiellement contrôlable, potentiellement réversible.
A +3°C, nous aurons franchi des seuils de rupture, de basculement, avec plusieurs conséquences essentielles. Le coût du réchauffement du globe terrestre sera humainement tragique et financièrement incomparable au coût qu'aurait eu la mise en place dès maintenant de politiques de transitions écologiques et sociales dans les différents territoires de la planète. Nous perdrons le contrôle de la situation avec la mise en route de phénomènes d'auto-alimentation du réchauffement climatique (via la fonte du permafrost, la saturation des puits à carbone, le relâchement du CO2 contenu par les végétations et forêts, la chute de l'effet albédo due aux fontes de la banquise et des glaciers, la fonte des calottes glacières et l'élévation destructrice du niveau des mers qu'elle produirait...). Enfin, nous aurions dés lors créé une situation irréversible, qui ne pourra aller qu'en s'aggravant pour les générations qui nous succéderont, sachant que ses conséquences rendront à terme tout bonnement impossible la vie d'une grande partie de l'humanité.
Responsables devant l'Histoire :
Du 6 au 8 octobre, le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) sera réuni en session plénière en Corée du Sud pour rendre public le rapport +1,5°C que lui a commandé la COP21. Ce rapport détaillera les impacts du réchauffement climatique sur nos vies, s'il atteint +1,5°C. Il dira s'il est encore possible de rester en dessous de ce seuil-là, et ce que cela suppose comme rythme et importance des changements à mettre en route. Il décrira l'impact considérable pour notre monde et nos sociétés de chaque dixième de degrés au dessus du seuil de +1,5°C.
Ce sera probablement un des derniers grands moments pour alerter l'opinion publique mondiale sur ce qui est en jeu, dans ces quelques années où l'on peut encore dévier de trajectoire. Le même week-end, en écho au rapport du GIEC, Bayonne sera le théâtre d'un rassemblement populaire exceptionnel, Alternatiba 2018, qui résonnera loin et fort, pour traduire cette alerte en sursaut, en mobilisation générale, en mise en route d'une transition écologique et sociale permettant de garder une planète habitable. Une transition qui peut s'enclencher dans chacun de nos territoires, aujourd'hui, sans attendre que les Trump, Poutine et autres Macron aient enfin compris ce que le mot responsable signifiait.
Rendez-vous à Alternatiba, les samedi 6 et dimanche 7 octobre à Bayonne, pour fêter ensemble le temps du sursaut ; pour lancer ensemble le temps de la mobilisation générale pour le climat, la biodiversité, la solidarité internationale et la justice sociale.