Le PS est à la croisée des chemins
Soit le PS est timoré, hésitant, avec un programme entre deux eaux, des alliances
incomplètes à gauche, des accords ambigus de 2e tour avec le Modem, et il perdra
par méfiance et abstention à gauche, aussi bien des régions que la présidentielle !
Soit le PS se dote d’un vrai projet de gauche, visant à redistribuer vite et sérieusement
les richesses, il construit opiniâtrement, en levant un à un les nombreux obstacles, une
alliance avec toute la gauche sans exclusive et il dynamise du même coup l’immense
majorité du salariat.
Actuellement, le PS s’oriente dans le bon sens, mais on le pressent sans pouvoir en être
totalement certain. Il résiste courageusement aux violentes campagnes de la presse sarkozyste
qui tente impitoyablement de le casser, de le discréditer, de pousser Royal, de
promouvoir les amis du Modem comme Peillon ou de soutenir des «néos » comme
Valls : 1746 articles annoncent sa mort début juillet et encore, le 12 septembre, 486
articles relaient un livre ravivant opportunément le souvenir de la fraude au congrès de
Reims.
A La Rochelle, puis au Conseil national du 12 septembre, Martine Aubry a tenu bon: elle
a refusé de céder à la pression qui veut la jeter dans les bras du Modem, elle jette les premières
bases d’un projet et d’une « maison commune » à gauche. A la fête de
l’Humanité, elle est allée nouer un accord en positif, commençant par trois réunions
nationales de débat, l’une organisée par les Verts sur Copenhague, l’autre sur les services
publics par le PCF, la dernière sur l’emploi par le PS. A chacune de ces réunions, toute
la gauche serait invitée, sans exclusives. Si tout cela se confirme, on ne peut que se
réjouir.
Certains secteurs de la gauche ne semblent pas encore prêts à saisir l’occasion : ils pronostiquent
sa mort, ou la victoire de Royal ou l’alliance avec le Modem comme s’ils souhaitaient
le pire. Ils en prennent prétexte pour refuser tout débat avec le PS, ce qui est
étonnamment défensif. Quand on est forts sur ses idées, on ne craint pas le débat ! S’ils
pensent vraiment que la division doit l’emporter parce qu’il y aurait « deux gauches » et
qu’il faudrait « assumer la compétition entre les deux », cela va réjouir Sarkozy.
Bien sûr qu’il y a plusieurs sensibilités à gauche, comme il y en a au sein du PS lui-même,
mais doit-on les opposer ou les rassembler ? Bien sûr que le salariat n’est pas
homogène, mais doit-on rechercher les revendications qui l’unifient ou non ? Doit-on
dire qu’il y a deux salariats et qu’il faut que la partie la plus exploitée, la plus radicale,
l’emporte sur la partie la plus protégée ? Non : car tous les salariés, 93 % de la population
active, n’ont que leur force de travail à vendre, les salaires ont tous régressé en proportion
des profits du capital, le chantage à l’emploi (2000 chômeurs de plus par jour)
s’exerce contre tous, les souffrances du travail frappent les cadres comme les ouvriers et
employés.
Un seul salariat, une seule gauche ! Les revendications unifiantes les plus plébiscitées
sont connues de tous : 35, 60, 1600, 20. Restauration des 35 h et d’un code du
travail protecteur, travailler moins pour travailler mieux et tous, défense de la retraite à
60 ans pour vivre décemment son âge et pour le travail des jeunes, hausse massive du
Smic à 1600 euros poussant tous les salaires vers le haut et renflouant les caisses de la
protection sociale, pas de revenu à plus de 20 fois le Smic, au-dessus, l’impôt progressif
sur le revenu doit tout prendre…
Un programme de gauche ne peut, en aucun cas, reposer sur des bases sociales-libérales,
ni sur des bases ultra-gauche, il faut qu’il fasse consensus au coeur de la gauche ! C’est
à cela qu’œuvre la nouvelle gauche socialiste, la motion C, « Un monde d’avance »,
autour de camarades comme Benoît Hamon, Henri Emmanuelli, Régis Juanico, Marie-
Noëlle Lienemann, Paul Quilès, Gérard Filoche, Eric Thouzeau, Pascal Cherki, Isabelle
Thomas, Emmanuel Maurel, Marianne Louis, Jérôme Guedj…