La crise du capitalisme a engendré un profond tournant dans l’opinion : des dizaines de millions de gens ont vu Sarkozy et l’UMP qui prétendaient que les caisses étaient vides pour les salaires, trouver des centaines de milliards pour les actionnaires ! C’est comme l’acide fluorhydrique, ça ne se voit pas, ça ne se sent pas, mais ça creuse, ça ronge, ça détruit. Ça creuse le fossé de la droite. Ça ronge toute confiance envers le capitalisme. Ça détruit les autorités des patrons, des actionnaires, des banquiers, des médias aux ordres. C’est un séisme puissance maxima à l’échelle de l’histoire : le « G Vain » de Londres, en dépit des fanfaronnades, a choisi de laisser le système faillir chaque jour davantage. Ce sera 20 millions de chômeurs de plus dans le monde a annoncé le BIT et 1 million en France. Ils s’empiffrent, sans rien faire, comme avant, de stocks option, de retraites chapeaux, et de bonus dorés en profitant de l’aubaine pour multiplier les plans de licenciements boursiers abusifs. Tandis que l’acide des subprimes, des hedge funds, des paradis fiscaux, continue à faire son effet. Mais ça ne passe plus. Des millions de gens ne sont plus sur la défensive. C’est pourquoi l’agitation de Sarkozy est vaine comme le G20 : c’est LUI le responsable de la crise, c’est SA politique, ses copains-coquins, son parti, la droite, le Medef. Lorsqu’il refuse une loi pour bloquer les gros salaires, tout le monde comprend dans ce pays. Même Alain Minc le 23 mars a publié une « Lettre ouverte à mes amis de la classe dirigeante » où la peur transpire : « Ignorez-vous que la quête de boucs émissaires est une constante de notre histoire et que 1789 se joue en 1788 ? Sentez-vous le grondement populiste, la rancœur des aigris mais aussi le sentiment d’iniquité qui parcourt, comme une lame de fond, le pays ? » Faut-il que ça pousse dans le pays, dans les entreprises et dans la rue pour qu’il aille jusqu’à les supplier en terminant sa lettre : « Un léger retard à l’allumage est pardonnable ; un excès d’inconscience, non, surtout quand il s’assimile à une pulsion suicidaire. Amis de grâce, reprenez vos esprits ! ». Oui cyniques, veules et égoïstes actionnaires, prenez peur : et sinon les réverbères vous attendent ! Qui ne comprend pas le message des séquestrations de patrons, des occupations d’entreprises, dans un pays où, il y a neuf mois à peine, on entendait un président arrogant et stupide, ricaner sur le fait qu’on ne « voyait plus les grèves » ? Qui ne comprend pas qu’il y a eu une fois et demi plus de manifestants le 19 mars que le 29 janvier ? Malgré les lenteurs imposées par la difficile, la nécessaire, l’indispensable, la puissante unité syndicale, le 1er mai c’est un volcan qui se meut, s’ouvre, cherche la brèche de l’explosion ? Comprenons que les luttes vont s’accélérer, et si la gauche ne prend pas le moyen d’offrir un débouché politique aux événements qui se préparent, les événements vont contraindre la gauche à se mouvoir plus vite qu’elle ne le croit aujourd’hui. Ceux qui n’appellent à l’unité que si elle se fait sur leurs positions vont en être pour leur grade, c’est l’unité qui va s’imposer et c’est le même mouvement qui la construira, qui déterminera le contenu des accords qui s’imposeront alors. Ceci dit, on peut en avoir une idée, pas trop préconçue : le PS ferait bien de défendre une hausse de salaire de 200 euros pour tous, le contrôle sur les licenciements, un salaire maxima à 20 fois le Smic et l’interdiction des stocks options, une révolution fiscale immédiate, la redistribution des richesses avec de vraies 35 h, une vraie retraite à 60 ans, un Code du travail reconstruit, une économie mixte où les services publics l’emportent, avec une reconstruction de nos écoles, hôpitaux, transports publics, pour une République sociale. Car des élections anticipées peuvent survenir qui rendraient ridicules tous ceux qui préparent déjà et seulement 2102.

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