Onze septembre, une autre histoire...
01/10/2003 |
Cette année le 11 septembre a été commémoré, un autre onze septembre, une autre histoire : le renversement d'un gouvernement démocratiquement élu. C'était le onze septembre 1973.
30 ans déjà, c'était hier. Aujourd'hui que sommes nous devenus, dans quel monde vivons-nous ?
La brutalité du régime de Pinochet ne s'explique pas autrement. Elle nous renvoie aux pires des régimes totalitaires des années trente. C'est le retour de la terreur organisée et mise en scène, le retour de la violence étatique, c'est la victoire de l'état de fait sur l'état de droit. C'est le retour de la révolution conservatrice et de son expression politique la dictature fasciste.
De l'Amérique du sud, au monde: le retour de la violence d'état, le recul de l'état de droit, de la démocratie, la montée en puissance de la mondialisation libérale
Pinochet n'était en fait que la première étape d'une remise au pas sanglante de l'Amérique latine( le Chili ouvrit la voie aux dictatures de l'Argentine (76-82), Brésil, Uruguay, Bolivie...les dictatures d'Amérique centrale, les escadrons de la mort, la chasse aux opposants, leur disparition…. Ces dictatures « modernes » avaient un but clair la mise au pas des peuples, la destruction des partis et syndicats, de tous les contre pouvoirs pour permettre aux forces économiques, surtout aux multinationales américaines et leurs alliés locaux de retrouver la paix et la tranquillité pour rentabiliser leurs investissements, augmenter leurs profits et régner sans partage sur la région. Ce qui caractérise ce retour du fascisme « moderne », c'est le travail en réseau( CIA, services secrets argentins, chiliens, boliviens), les méthodes, l'organisation et l'aide ouvertement apportée par la plus « ancienne démocratie » celle des Etats Unis d'Amérique, avec ses institutions comme la CIA, les administrations américaines successives démocrates ou républicaines. La révolution conservatrice, remise au goût du jour par les cercles de pensée américains et britanniques, faisait son retour sous l'aile protectrice de l'Empire américain, « le pays de la liberté" . La révolution conservatrice : courant de pensée réactionnaire du XIX° siècle. Cette idéologie reprit du service dans les années 1920 en Allemagne principalement, Italie, Portugal puis Espagne mais aussi en France (Etat Français du Maréchal Pétain) et prit le nom de révolution conservatrice ou révolution nationale ! Cette idéologie se caractérise par la remise en cause du siècle des lumières et de la révolution française, la république, la déclaration des droits de l'homme, la démocratie, la liberté de penser, l'égalité, la justice. Aujourd'hui, « avec un emballage moderne » » c'est l'idéologie de la mondialisation libérale et de ses relais comme le Medef, la droite dite libérale. Elle remet en cause les conquêtes sociales, vante la soumission aux « lois naturelles »de l'économie et du marché, fait l'apologie de l'inégalité nécessaire, des réformes douloureuses, c'est la loi du plus fort, la loi de la jungle, la dérégulation et le recul de l'état de droit, la violence sociale.
Le Chili est encore présenté par les « intellectuels » de la mondialisation libérale, comme un modèle économique, sa politique de réformes économiques et sociales menées par le gouvernement Pinochet est saluée par le FMI et les « publicistes » qui vantent la modernité de la mondialisation libérale. La diffusion de l'idéologie de » la révolution conservatrice », et la mondialisation libérale sont une seule et même politique. Retour de la violence sociale dans les démocraties occidentales : Thatcher et Reagan Le retour de la violence sociale et économique s'est produit en 1979 avec l'arrivée de Margaret Thatcher, la dame de fer, suivi de Ronald Reagan et leurs politiques « néo-conservatrices » et monétaristes. Leur but affaiblir la démocratie, disqualifier la politique et les hommes politiques. Leur méthode briser les syndicats, les mouvements sociaux, marginaliser les forces politiques qui leur résistent. La révolution conservatrice se veut apolitique, elle se présente comme une science de la bonne gestion économique et sociale, elle remplace la politique par la technique, la bonne gouvernance, la technocratie.(2)... La disqualification de la politique et des politiques est une tradition de droite qui remonte aux débuts de la démocratie : rappelons les campagnes de l'extrême droite et de la droite (Général Boulanger), puis dans les années trente contre le front populaire et les démocrates, le poujadisme dans les années 50… Margaret Thatcher et Reagan dans la décennie 80. Révolution conservatrice, mondialisation libérale et régression de la démocratie : la manipulation des idées et des mots: La révolution conservatrice a perverti les mots et les idées :
Un autre monde est non seulement possible, mais nécessaire. La mondialisation libérale n'a apporté ni la prospérité ni la paix, mais le creusement des inégalités, la misère et le chômage, et les guerres. Le retour de la violence d'état, de la loi du plus fort a sévi hier au Chili, aujourd'hui au Proche Orient et en Irak, et dans les entreprises. Avec Bush, l'Empire ne respecte plus ni droit ni démocratie, il sert ouvertement ceux qui l'ont fait roi : les milieux industriels et financiers, comme chez nous Raffarin et ses maîtres à penser du Medef. Le mouvement social fait reculer la mondialisation libérale à Cancun, et l'Europe libérale à Stockholm.
Aujourd'hui le peuple partout dans le monde se dresse contrela mondialisation libérale. La gauche doit retrouver ses racines, le peuple et le mouvement social. La gauche avec le mouvement social doit entrer en résistance contre la mondialisation libérale, contre l'Europe libérale, contre la révolution conservatrice, et s'interroger sur les dérives sociales libérales et leurs conséquences : le recul de la démocratie au profit d'institutions technocratiques supra nationales, la montée de l'insécurité sociale, le creusement des inégalités, la montée de l'abstention et le vote protestataire. C'est pour cela que l'on doit se souvenir du 11 septembre 1973, de Salvador Allende, et des milliers de Chiliens, d'Américains du Sud, qui ont payé de leurs vies, leur volonté de bâtir un monde plus juste, un monde où l'homme n'est pas soumis au totalitarisme du marché, du profit, de la création de valeur pour l'actionnaire. Un monde où la politique :
2/ Il y eut les physiocrates, le scientisme, plus prés de nous la synarchie « les technocrates des années trente » qui ont accédé au pouvoir dans les bagages de l'Etat français en 1940.
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