Le projet de motion "d'Alternative Socialiste" avant la fusion avec NPS
18/09/2005 |
Introduction La France souffre et le peuple de gauche s'impatiente. Les 21 avril 2002 et le 29 mai 2005, les Français ont clairement exprimé leur rejet du libéralisme. Néanmoins, la droite, délégitimée à plusieurs reprises par le suffrage universel, tente son va-tout en imposant une politique libérale dont elle espère que les effets dévastateurs seront irréversibles. Dans une telle situation et après deux graves échecs, il y a urgence pour les socialistes. Nous devons impérativement offrir une alternative réelle et une ambition nouvelle à la désespérance générée par la politique de casse de la droite au pouvoir.
Pour cela, il faut nous ressaisir. Personne ne comprendrait que les socialistes se contentent d'attendre 2007 en spéculant sur le seul rejet suscité par l'actuelle majorité. Et si de surcroît nous nous offrions le luxe de nous déchirer sur la question de notre futur candidat, au lieu de nous doter d'une orientation qui réponde aux interrogations de nos concitoyens, nous risquerions de lourdement hypothéquer l'avenir. Cette question viendra en son temps mais elle ne constitue pas la préoccupation première des Français. Le temps n'est pas davantage aux règlements de comptes. Ni aux problèmes de « chefferie » entre personnes qui ne semblent intéressées que par le seul problème de l'identité de notre Premier secrétaire ; soit qu'elles souhaitent conserver le titulaire actuel de ce poste, soit qu'elles veuillent, au contraire, en changer. Ce que la gauche et les Français attendent des socialistes, c'est qu'ils leurs offrent à nouveau des raisons d'espérer. Pour réussir cette ambition il nous faudra pourtant éviter deux écueils. Tout d'abord l'écueil idéologique. Il serait irresponsable de s'enferrer dans de grands débats abstraits, des fausses oppositions qui nous empêcheraient de faire de véritables choix en termes d'orientation, comme de méthode ou de programme. Evitons, par exemple, de nous caricaturer et de nous ridiculiser en feignant de croire que nos débats opposeraient, au sein de la famille socialiste, les « réformistes » aux « révolutionnaires », les « réalistes » aux « marxistes fripés à la remorque de l'extrême gauche », les « modernistes » aux « archaïques », les « gestionnaires » aux « tribuns ». Comme si depuis 1920, tous les socialistes n'étaient pas des réformistes. La seule question qui vaille la peine d'être posée est de vérifier ce que chacun entend par le mot « réforme ». L'histoire récente nous a en effet appris que ce terme peut signifier un véritable progrès, mais qu'il peut aussi, lorsqu'il est détourné de son sens par les libéraux, cacher un programme de régression généralisée. Le véritable enjeu de notre congrès est de démontrer que le socialisme peut offrir une alternative, construite sur ses propres valeurs humanistes et sociales, à la politique des néo-libéraux que la mondialisation généralise. Si, comme le pensent les sociaux-libéraux, cet objectif est irréaliste, voire utopique, le socialisme est condamné à accepter les logiques et les valeurs du marché. Son rôle se réduit alors à celui d'un « soigneur de touches » essayant de limiter les dégâts sociaux. Si au contraire, comme nous en sommes depuis longtemps convaincus - ce n'est pas la triste réalité mise en évidence par la catastrophe de Louisiane qui va entamer nos convictions -, ce défi est celui que nous devons impérativement et rapidement relever ; alors nous devons en tirer les conséquences et faire les choix qui s'imposent. Le second écueil qu'il convient d'éviter serait celui qui nous pousserait à rédiger hâtivement un programme complet du type « catalogue clé en main ». A cette étape de nos débats l'enjeu n'est pas de connaître, dans le détail et sur tous les sujets, l'ensemble des propositions des socialistes. Le temps des programmes n'est pas encore venu. Vous ne trouverez donc pas dans notre motion de réponses à l'ensemble des questions que vous vous posez. Nous avons l'humilité de penser que nous ne possédons pas des solutions à tous les problèmes et nous souhaitons construire le futur programme de gouvernement avec l'ensemble des socialistes et de la gauche. En revanche, nous voulons discuter de l'orientation que doit porter le parti socialiste pour répondre aux interrogations fondamentales que se posent nos concitoyens inquiets et déboussolés par la situation économique et sociale de notre pays. Nous souhaitons ardemment que les socialistes refassent de la politique et déterminent les contours d'une alternative crédible au projet destructeur des ultras libéraux. Qu'ils soient à même de proposer au pays ce dont il a besoin et qui lui fait cruellement défaut : une véritable ambition dynamique et progressiste.I - LA POLITIQUE AU SERVICE D'UNE AMBITION NOUVELLE
Du libéralisme au néo-conservatisme : la radicalisation de la droite. La politique suivie par le gouvernement Raffarin et poursuivie par le gouvernement Villepin, marque une nette radicalisation par rapport aux pratiques auxquelles la droite nous avait habitué dans les années 80 et 90. Depuis 2002 les libéraux, adoptant le programme des néo-conservateurs américains, ont « changé de braquet » : ils ne reculent plus, comme précédemment, devant les mobilisations d'envergure, ni même devant leurs propres échecs électoraux. Depuis 3 ans, fortement incités et relayés par le MEDEF, ils recherchent systématiquement la confrontation sociale pour « passer en force » et imposer leurs plans. C'est ainsi que malgré les fortes mobilisations syndicales ils n'ont pas reculé face aux grèves et aux manifestations contre la loi Fillon sur les retraites, qu'ils ont remis en cause les 35 heures, qu'ils ont imposé la loi Douste-Blazy contre la Sécurité sociale, qu'ils poursuivent une décentralisation aux forceps visant à transférer sur les collectivités locales le poids de la crise financière de l'Etat, qu'ils sont passés outre les mobilisations étudiantes et lycéennes, qu'ils cherchent à dynamiter le code du travail et stigmatisent « le modèle social français», qu'ils privatisent EDF-GDF en pleine crise énergétique et s'apprêtent à en faire autant, au mépris de l'avenir, avec les autoroutes. Une véritable politique de classe qui réplique au vote de classe du 29 mai. Ne nous y trompons pas, cette politique n'est pas « suicidaire ». Elle est déterminée et mise en œuvre pas des hommes convaincus que leurs échecs antérieurs étaient dus à l'insatisfaction de la frange la plus conservatrice de leur électorat. Convaincus, aussi, que le contexte de mondialisation libérale se prête à leurs projets et qu'ils doivent aller au bout de leur logique afin de créer une situation irréversible. C'est ainsi que le gouvernement, malgré la sanction des urnes et de la rue, répond au mécontentement social par une politique de régression. Une politique inefficace, injuste et incapable d'enrayer la panne d'investissement dont souffrent la France et l'Europe. Une politique dont le résultat est d'accroître encore et toujours les revenus des classes les plus aisées, celles qui épargnent, tout en affaiblissant le pouvoir d'achat des salariés. Les profits financiers ne sont aucunement consacrés à l'investissement et la production, notamment dans le secteur des nouvelles technologies. Avec une croissance inférieure à 2 % qui ne permet pas d'inverser la tendance : le chômage explose, les inégalités s'exacerbent, la désindustrialisation s'installe et la précarité se généralise. Alors que l'emploi recule, la décrue statistique du chômage tient en grande partie à la radiation des fichiers de l'ANPE de milliers de chômeurs. Une pratique légitimée par le discours culpabilisant de la droite à l'encontre de ces derniers qui se voient accusés de refuser du travail, sont traités de « paresseux » et dont la situation est présentée comme le résultat, non pas d'une crise sociale, mais de leur volonté délibéré. Dans ce contexte, la montée de l'endettement de l'Etat, qui profite avant tout aux rentiers, n'est évidemment pas due à un excès de dépenses publiques, mais à une panne de croissance réduisant mécaniquement des rentrées fiscales déjà entamées par les baisses d'impôts. Pour combler la dette publique, la droite en est venue à brader en bourse le réseau autoroutier dont les recettes servaient au financement des infrastructures de transports. Ce sont près de 39 milliards qui feront défaut dans les trente prochaines années notamment pour le financement déjà programmé des nouveaux TGV. Pour mener cette politique « pure et dure », la droite ne recule ni devant le cynisme, ni devant le mensonge. Paradoxalement, mais non sans habileté, elle utilise ses propres échecs pour dissimuler son incompétence et justifier ses excès. Ainsi, c'est au nom de la lutte contre le chômage qu'elle détruit le code du travail en incriminant notre modèle social auquel elle veut faire porter la responsabilité des conséquences désastreuses de sa politique économique. De même, c'est dans un pays où le pouvoir d'achat recule, où les conditions de travail se dégradent et où la précarité s'accroît qu'elle prétend « réhabiliter le travail »; ou encore qu'elle utilise les délocalisations comme une arme de chantage contre les salariés qu'elle veut mettre au pas, pour les faire travailler plus et à un moindre coût, tout en plaçant les bénéfices au chaud. Dans la même logique elle prétend que pour lutter contre le chômage il faut baisser l'ISF et l'impôt sur le revenu, s'abstenir de taxer la spéculation foncière, financière et immobilière - donnant ainsi la priorité à l'argent gagné en dormant tout en proclamant son amour pour le travail et l'effort - alléger sans contreparties les charges... Et si le chômage et l'augmentation de 6% en un an du prix des médicaments, creusent les déficits sociaux : qu'à cela ne tienne, c'est encore la faute du modèle social et des 35 Heures ! Aucune outrance ne semble déranger des libéraux déterminés à imposer leur projet. Un projet qui repose sur un triptyque dont le volet central est l'ultralibéralisme économique et social, complété d'un côté par le communautarisme et de l'autre par l'instauration d'un Etat pénal et sécuritaire. Nicolas Sarkozy prétend être le concepteur de ce modèle. Il n'en est, en fait, que l'importateur : le rejeton spirituel et tardif du couple politique Thatcher-Bush. Plus l'Etat social rétrécit, plus l'Etat pénal prend de l'importance. Lorsque la finalité économique et la volonté politique ne sont plus au service d'une perspective sociale pour la recherche du bien être et l'intégration du plus grand nombre, se développe alors inévitablement une logique répressive. Cette dernière tend à contenir les effets de la dégradation des conditions de vie des classes populaires, des exclus, tout en protégeant les catégories favorisées dans une société de ségrégation sociale et de violence généralisée. Les conditions de vie de la majorité des Français peuvent continuer à se dégrader, le pouvoir d'achat à reculer : peu importe puisque les contributeurs à l'ISF dorment tranquillement à Neuilly et ne risquent pas d'être dérangés dans une commune où la proportion de logements sociaux n'excède pas les 3 %. La logique sécuritaire accroît perpétuellement la mise sous tension d'une population rendue de plus en plus anxieuse. Elle tente d'éluder la question sociale en s'efforçant de la dissoudre dans la responsabilité individuelle. Elle se nourrit de la violence que génère la remontée en force des inégalités. Elle oppose, pour le plus grand bénéfice d'une minorité, les différentes couches du salariat entre elles : les chômeurs aux ouvriers et employés, les ouvriers et employés aux cadres moyens, les salariés du privé à ceux du public, les jeunes aux adultes, les habitants des centres-villes à ceux des banlieues, les habitants des banlieues entre eux, les urbains aux ruraux. En fondant le principe de l'égalité politique entre les citoyens et en se dotant des outils pratiques pour la mettre en œuvre (services publics, fiscalité progressive, redistribution, législation du travail, sécurité sociale, retraite), le pacte républicain pose un problème majeur à la droite ultra-libérale. Après avoir essayé vainement de le battre en brèche au nom de « l'égalité des chances » et de « l'équité » elle estime qu'aujourd'hui la situation est mûre pour imposer la France des ghettos et des communautés. Afin d'arriver à cet objectif tout un dispositif est mis sur pied : révision de la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, quotas, discrimination positive pour certains et kärchers généralisés pour les autres... Sarkozy et ses amis lancent des ballons d'essai pour bâtir d'une France à l'américaine dans laquelle le mérite individuel reconnu à quelques-uns servira de justification à la marginalisation de tous les autres. Pour un Will Smith ou une Condoleeza Rice, combien de sinistrés en Louisiane et de « woorking poors » alors qu'à Manhattan il y a plus de noirs dans les prisons que dans les universités. Nos conquêtes sociales, économiques et politiques ne sont ni intemporelles ni éternelles. Elles ne dureront qu'à la condition que nous soyons capables de nous mobiliser pour les défendre et sachions les projeter dans une nouvelle dynamique de progrès partagés par tous. La résistance et l'opposition à la droite ultralibérale ne peuvent cependant pas être notre unique ligne de conduite. Il arrive toujours un temps où la lassitude l'emporte, où la combativité s'estompe ; les places réputées les plus fortes ont toutes fini par tomber un jour. L'heure est au réveil, à la reconquête du terrain perdu, au courage et à l'audace. Face à la droite libérale les socialistes doivent incarner une alternative ambitieuse et dynamique Pour l'instant les Français serrent les coudes et résistent. Alors que partout, dans les sociétés occidentales, l'abstention progresse continuellement dans les classes populaires, nos compatriotes, contrairement à ce que certains ont théorisé prématurément, ont voté massivement. Une augmentation de 5 % de la participation lors des dernières élections régionales et une forte mobilisation lors du référendum de la Constitution européenne. Nous avons un peuple admirable ; mais combien de temps durera cette « exception française » ? Cela dépend en grande partie de nous et de notre capacité à incarner une alternative au néo-conservatisme. En politique comme partout, celui qui n'avance pas est condamné tôt ou tard à reculer. Les socialistes qui ont mené campagne pour le Non au référendum ont profondément ressenti la forte aspiration de l'électorat de gauche pour une telle alternative aux politiques menées à l'échelle nationale comme européenne. Réduire ce vote à l'expression d'une simple amertume ou à un geste de mauvaise humeur contre le pouvoir actuel est une erreur profonde. Un contre-sens tout aussi dangereux que celui consistant à expliquer notre grave échec du 21 avril 2002 uniquement par le nombre trop important des candidats. Le vote du 29 mai doit être analysé avec lucidité, comme un rejet puissant du libéralisme, une demande pressente de social, un retour en force de la politique. Il constitue l'essentiel du socle électoral d'une majorité progressiste qui verra le jour si nous sommes capables de répondre à ces aspirations en leur offrant un débouché politique. C'est en cela que ce scrutin préfigure les contours du rassemblement indispensable à toute victoire de la gauche. A l'exception de ceux qui évoquent ouvertement aujourd'hui une autre stratégie que le rassemblement de la gauche et envisagent publiquement des accords avec le centre droit - vieille tentation récurrente - cette victoire implique aussi le dépassement du clivage qui a opposé les partisans socialistes du OUI et du NON. Mais est-ce si difficile, au moment où l'actuelle majorité, par ses agressions répétées, fait la démonstration quotidienne que sa conception du social, et donc de l'Europe sociale, est à l'opposé de celle qu'appelaient de leurs veux les Socialistes partisans du OUI ? Qui peut encore croire aujourd'hui, après les ordonnances Villepin, à la compatibilité du OUI de gauche et du OUI de droite ? Qui peut imaginer, en écoutant Sarkozy éructer contre le modèle social français, voire « le social » tout court, que son projet puisse être conciliable avec le nôtre ? Si l'on veut bien prendre un minimum de recul et observer la réalité sans passion, en ayant à l'esprit le poids de nos responsabilités, nous devons constater que le rassemblement est non seulement possible, mais qu'il est devenu une nécessité. Encore faut-il qu'il se fasse sur des orientations qui ne soient pas opposées ou décalées par rapport aux attentes de la majorité de l'électorat socialiste et du peuple de gauche. Le 21 avril 2002 et le 29 mai 2005 ont eu lieu deux votes importants qui sont inscrit dans notre histoire : les ignorer serait suicidaire. Pour incarner cette alternative le parti socialiste doit opérer des inflexions profondes au regard de son orientation actuelle Pour gagner en 2007, nous ne pourrons nous contenter de demander aux électeurs de nous suivre au seul motif que nous sommes socialistes, que nous avons un candidat ayant le sens de l'Etat et qui s'oppose à la droite. La prochaine élection présidentielle sera un véritable choix de société, entre des valeurs antagonistes. Un combat projet contre projet opposant les néo-libéraux aux progressistes. Dans ce contexte si, écrasés par le poids des contraintes, nous n'avons à proposer qu'un simple assortiment de « correctifs », une grande partie de nos électeurs, se sentant confiné dans la résignation et l'amertume, ne se déplacera pas. L'addition de mesures sectorielles ne suffira pas pour ouvrir de nouvelles perspectives. Aujourd'hui, par exemple, le rétablissement de la TIPP flottante, tout aussi souhaitable et important qu'il soit, ne peut constituer notre horizon indépassable. C'est d'un projet ambitieux, volontariste, misant sur leurs capacités et les réelles possibilités de notre pays, dont les Français ont besoin. Pas de ces insultes, de cette morgue et de ce dénigrement répétitif du modèle de société qu'ils ont construit aux prix de longs sacrifices et de dures batailles. Ils voudront savoir si nous sommes en mesure de sortir le pays de l'ornière dans laquelle il se trouve. Nous savons que la France n'a jamais été aussi riche, aussi productive et que les richesses n'ont jamais été aussi mal redistribuées. Nous ne promettons pas de « raser gratis », les Français ne nous croiraient pas et ils auraient raison. Mais nous devons tourner une page et ouvrir de vraies perspectives ; il serait paradoxal d'abandonner au MEDEF le monopole du « ré-enchantement ». Une occasion a été perdue au congrès de Dijon pour mettre notre parti en phase avec les attentes et les aspirations de notre électorat. C'est ce qu'il nous faut réaliser au Mans. Cela signifie que nous devons faire des choix clairs sur la place respective de l'intérêt général et des intérêts privés, sur la réhabilitation et la modernisation de l'action publique, sur une véritable priorité à l'emploi, sur la lutte contre les inégalités et toutes les formes d'exclusion. Il nous appartient de proposer une politique énergétique sous contrôle public, une politique industrielle volontariste et dynamique, un retour de l'investissement public. Dans une société où l'on exalte le « chacun pour soi » il est de notre devoir tout autant de défendre les services publics et de proposer leur extension lorsque des biens publics, comme l'eau, sont menacés que d'agir pour refuser la disparition progressive du pluralisme de l'information. Il faut redresser la barre, oser être nous même et porter haut les valeurs de liberté, d'égalité, de progrès et de justice qui sont les nôtres. L'égalité est la musique qui fait battre le cœur du socialisme, le refus de la fatalité le sang qui l'irrigue, la justice celui qu'il doit pulser jusqu'aux extrémités du corps social. Il nous faut cesser d'être sur la défensive, procéder une ré-orientation globale, retrouver notre place naturelle, à gauche et au centre de celle-ci pour être en mesure de la rassembler.II- L'ALTERNATIVE SOCIALISTE
Pour l'emploi et le pouvoir d'achat ! Une véritable alternative économique et sociale au néo-libéralisme L'emploi et le pouvoir d'achat sont devenus les préoccupations centrales des Français. Le projet socialiste pour 2007 doit être porteur d'une alternative redonnant espoir au peuple et capable de relever un pays socialement et économiquement saccagé par la droite néo-libérale. L'actuelle direction de notre parti proclame urbi et orbi la nécessité pour les socialistes de relever prioritairement « le défi de la crédibilité ». Pour cela elle prétend n'avancer qu'un petit nombre de propositions supposées « réalistes », sous-entendant ainsi que l'ambition socialiste serait irréaliste et que nous serions, en conséquence, condamnés à aménager le néo-libéralisme dominant. Cette posture résignée est en deçà de l'espoir que notre parti doit susciter pour répondre aux attentes exprimées le 29 mai. De surcroît, en accréditant l'idée choquante et totalement erronée selon laquelle les socialistes n'ont jamais tenu leurs promesses - au nom d'une prétendue volonté de ne pas avoir un discours pour les périodes où nous sommes dans l'opposition et un autre lorsque nous sommes au gouvernement - on prend le risque de faire écho à l'idée qu'il n'y a guère de différence entre la droite et la gauche, facilitant la démagogie du « tous pourris » véhiculée par les pires populismes. Le déficit de volontarisme faisant défaut à l'action politique est tellement patent que la droite elle-même prétend renouer avec le « patriotisme économique » pour relancer une « croissance sociale ». Pourtant, les solutions des libéraux ne sont pas de nature à doper l'emploi et le pouvoir d'achat, . La lutte contre le chômage passe tout d'abord par une relance de la croissance. Pour cela, il faut commencer par augmenter le pouvoir d'achat et enrayer la panne d'investissement que subit notre économie. Tout doit être fait pour améliorer le contenu en emploi de la croissance en menant une politique appropriée en direction des activités qui en sont fortement créatrices. Il faut ensuite relancer la dynamique européenne par un vaste plan d'intégration. Augmenter le pouvoir d'achat Le SMIC, salaire minimum légal en France, est de 1278 euros par mois, un salarié sur deux gagne moins de 1400 euros (salaire médian), les deux tiers gagnent moins de 1600 euros, alors que le salaire moyen est de 1800 euros. Notre première préoccupation doit être de relancer le pouvoir d'achat des salariés à bas revenus pour stimuler la demande de ceux dont les besoins sociaux sont les plus insatisfaits. Seule une telle politique permet de réduire les écarts injustifiés de revenus et de promouvoir le principe « à chacun selon son travail ». La lutte contre le chômage et les inégalités nécessite aussi une réhabilitation de tous les instruments de redistribution directe et indirecte, fleurons de notre modèle social vilipendé par la droite. La hausse des salaires reste le meilleur instrument de redistribution directe en faveur des salariés. Elle doit être enclenchée par la hausse du SMIC et une impulsion politique, de concert avec les syndicats, dans le secteur public et le secteur privé où les minima de branche doivent être relevés pour provoquer une hausse générale des rémunérations à tous les échelons des grilles de classification. La hausse des salaires, qui n'est pas l'ennemie de l'emploi, symbolise la reconnaissance du travail comme valeur essentielle de notre société. Dans un contexte marqué par le refus du patronat d'engager toute négociation salariale, nous devons proposer que les minima conventionnels soient automatiquement ajustés par la loi au niveau du SMIC - 80 % d'entre eux se situent actuellement en deçà - et que tout élément négocié vienne en sus. La commission nationale des conventions collectives, réunie chaque année à l'occasion du réajustement du SMIC, doit redevenir une véritable conférence salariale tripartite permettant un rééquilibrage indispensable des salaires, directs et indirects. Dans un contexte marqué par l'individualisation des salaires voulue par le patronat et par la diminution du nombre de grilles actualisées des rémunérations, des métiers, des qualifications dans les conventions collectives ; nous devons peser pour développer les négociations salariales collectives à tous les niveaux. Les diplômes nationaux, la validation des acquis, de l'expérience professionnelle doivent être reconnus comme condition de l'extension d'une convention collective, afin de rendre tout son sens à la promotion sociale et à la progression des carrières. Pour assurer une réelle égalité salariale entre les hommes et les femmes - à qualification égale une femme gagne toujours, en moyenne, 25 % de moins qu'un homme - des sanction et astreintes doivent être prévues à l'encontre des employeurs pratiquant de telles discriminations. L'arme fiscale est un puissant instrument de redistribution qu'utilisent à meilleur escient les pays nordiques. Le système français est faiblement redistributif en raison du poids excessif dans les recettes fiscales des prélèvements proportionnels injustes par nature (le même taux s'applique à tous les revenus) ; et, en retour, de la faiblesse de la part de l'Impôt sur le Revenu (IR), le seul qui soit progressif et que les réformes libérales ont et veulent encore alléger. En ce sens il est pour le moins malencontreux que des socialistes aient proposé d'augmenter la TVA. Pour corriger les inégalités de revenu a-posteriori, l'autre réforme fiscale consiste, au contraire des réformes libérales, à accroître la progressivité, l'assiette et le rendement de l'impôt sur le revenu, instrument redistributif par excellence, tout en réduisant la TVA et en re-profilant les prélèvements fiscaux en faveur des ménages à bas revenus. Ceux-ci, matraqués par les prélèvements proportionnels (TVA et CSG) mais exonérés d'IR, seraient à juste titre[1] mis à contribution dans le cadre de l'élargissement de l'assiette de ce dernier, mais bénéficieraient au final de la réforme grâce à la baisse de la TVA et à une réforme de la CSG. Pour créer un mécanisme de redistribution en direction des plus modestes, sans toutefois opérer la réforme ici souhaitée, le gouvernement Jospin avait créé la Prime Pour l'Emploi (PPE). Or le terme même de Prime Pour l'Emploi est ambigu. Applaudi par la droite, il sous-entend qu'il faudrait inciter les chômeurs à sortir de la « trappe à chômage » entretenue par le niveau et la durée supposés trop élevés des revenus de remplacement. La remise en cause de ces derniers est d'ailleurs au cœur du programme des libéraux qui prennent en la matière modèle sur les mesures impopulaires prises par Gerhard Schröder en Allemagne. La PPE ne bénéficie par définition qu'aux salariés à bas revenus et non aux chômeurs. Elle dédouane les entreprises d'augmenter les salaires. La PPE doit être supprimée et remplacée par un abattement sur la CSG bénéficiant à tous les bas revenus : l'autre mécanisme de redistribution en direction des plus démunis que notre parti proposait en 2000 avant la promotion de la PPE. Cette mesure revient à réintégrer la PPE dans le salaire et à rendre la CSG progressive. Le remplacement des cotisations salariales par une CSG-ménages, prôné par notre parti, a entraîné un gain de pouvoir d'achat ; mais la CSG reste un impôt injuste parce que proportionnel et son augmentation constante pèse sur les plus démunis. Le principe de progressivité de la CSG a été admis par le Conseil constitutionnel qui rejeta uniquement les modalités de mise en œuvre de l'abattement auxquelles on reprochait de déroger au principe de justice fiscale dans la mesure où il ne bénéficiait qu'aux revenus salariaux. Il suffirait donc d'étendre l'abattement à tous les bas revenus pour que cette mesure puisse être appliquée. Au moment où la droite propose à nouveau d'augmenter la CSG, ce chantier doit être engagé par la gauche. Les socialistes doivent impérativement dénoncer le discours culpabilisant de la droite à l'encontre des chômeurs suspectés de « profiter » des allocations chômage et du RMI. Le suivi des chômeurs par une amélioration du service public de l'emploi et de la formation professionnelle est naturellement souhaitable. Les socialistes doivent défendre l'accroissement des dépenses pour l'emploi et l'allongement de la durée d'indemnisation des chômeurs et des minima sociaux, piliers essentiels de ce modèle. Le pouvoir d'achat subit également les effets de la crise du logement. Celle-ci frappe particulièrement les ménages les plus démunis, pour la plupart locataires. Il faut relancer le logement social que la Caisse des Dépôts et Consignation a pour attribution de financer. Il faut frapper la spéculation foncière et immobilière pour drainer de nouvelles ressources nécessaires au financement du logement social. Enfin, la hausse des loyers doit être plus strictement encadrée. Une nouvelle politique industrielle pour enrayer la crise de l'investissement La croissance subit désormais les effets d'un renchérissement du pétrole dont le prix est orienté vers les cent dollars le baril. Ce troisième choc pétrolier depuis trente ans exerce à court terme une ponction sur le pouvoir d'achat des ménages et les marges des entreprises, poussant celles-ci à relever leurs prix. Il amplifiera le ralentissement de la demande et provoquera la montée du chômage. A long terme, sera posée la question de la promotion d'énergies nouvelles et renouvelables de substitution. Dans ce contexte, la maîtrise publique de la politique énergétique doit être au cœur de la politique industrielle. L'indépendance énergétique devient une variable cruciale de la compétitivité. C'est pourquoi les privatisations d'EDF et de GDF sont inacceptables. De nouveaux objectifs doivent être fixés au secteur énergétique qui doit rester sous contrôle public. Les profits des entreprises du secteur de l'énergie doivent être consacrés à l'entretien, au renouvellement du parc des énergies de substitution et la recherche d'énergies nouvelles et diversifiées. Un des objectifs à cinq ans de la politique industrielle doit désormais être la conception d'un véhicule électrique fiable et accessible au plus grand nombre. Des subventions aux constructeurs doivent pour cela être planifiées. La croissance est également affaiblie par la panne d'investissement des entreprises engagées dans une logique de rentabilité financière à court terme qui condamne nombre de projets industriels. Le retard pris par la France en matière d'investissements dans les secteurs stratégiques est tel qu'il aboutit à laisser aux marchés financiers le soin de sélectionner les investissements ; une réalité que ne peut dissimuler le faux patriotisme économique d'une droite engagée dans de nouveaux trains de privatisations. Il faut stopper le processus de privatisation de la Caisse des Dépôts et Consignation, acteur essentiel permettant de reconstituer les noyaux durs de nos industries stratégiques, mais aussi de financer le logement social et les projets de développement durable. A cet égard, la production matérielle et immatérielle doit désormais être orientée vers la production de biens socialement utiles dans le respect des ressources humaines et naturelles de notre planète. L'objectif de développement durable que les libéraux entendent confier aux entreprises privatisées est difficilement compatible avec la logique actionnariale. Il doit par conséquent être promu dans le cadre de la politique industrielle. Les expériences du secteur coopératif, mutualiste et associatif attestent également qu'il est possible de produire et de distribuer efficacement et autrement dans le respect du principe délibératif démocratique « une personne, une voix ». A l'exemple de Mondragon en Espagne de telles structures permettent de respecter conjointement, malgré les sirènes de la banalisation marchande auxquelles elles peuvent être sensibles, normes sociales et normes de qualité. De tels résultats peuvent être obtenus notamment parce que leurs réserves sont impartageables et que le profit n'est pas leur objectif. Nonobstant l'opposition du Medef qui voit en elles une forme de concurrence faussée qu'il ne manque pas de dénoncer aux autorités européennes, ces expériences doivent être encouragées par des initiatives publiques, sous forme de contractualisation, d'encouragements fiscaux, d'aides à l'emploi. Nombre d'entreprises du secteur des nouvelles technologies, mais aussi de secteurs traditionnels, développent des activités de réseau. Celles-ci ont pour particularité de former des « monopoles naturels » et en conséquence de ne pouvoir être livrées à la concurrence (imagine-t-on dix autoroutes ou lignes de chemin de fer sur un même trajet ?). Ces activités se caractérisent également par des coûts d'installation et d'entretien élevés (les coûts fixes). Cependant, une fois installées, elles sont accessibles aux usagers au moindre prix ou gratuitement à condition que soient épongées les pertes liées aux coûts fixes. Les subventions publiques, ou les dotations en capital dans le cas d'entreprises publiques, sont justifiées par le simple bon sens. A l'inverse, le dogme de l'ouverture à la concurrence relève d'une posture purement idéologique conduisant directement à la constitution de monopoles ou d'oligopoles privés. Leurs actionnaires réclamant une norme maximale de rentabilité, les entreprises sont conduites, pour atteindre cet objectif en tenant compte des dépenses d'installation et d'entretien du réseau, à pratiquer des sur-tarifications, à réduire la qualité des prestations ou les coûts fixes. En témoignent les tarifs excessifs dans la téléphonie mobile, la hausse du prix du gaz et de l'électricité, la fermeture de lignes de chemin de fer interrégionales, de gares et de bureaux de poste, l'insécurité aérienne, la fracture numérique liée à l'inaccessibilité pour tous de la communication informatique. Dès lors, il est paradoxal que des socialistes puissent considérer que l'alternative aux abus des oligopoles privés serait la concurrence libre et non faussée, autrement dit le libéralisme ! La solution tient au contraire dans la socialisation par la politique publique de ces activités stratégiques assurant, pour certaines, des missions de service public. Cette politique est la seule qui puisse garantir, à chacun et selon ses besoins, l'accessibilité de ces biens essentiels. Il est inconcevable que la gestion de l'eau, bien vital, soit attribuée à des concessionnaires privés, dont la priorité n'est évidemment ni la qualité ni l'accessibilité pour tous. Les services publics sont un vecteur essentiel du lien social. L'investissement dans l'éducation, la santé, les transports et les communications doit s'accompagner d'un développement de l'emploi public. Un des objectifs de la droite est de réduire le nombre de fonctionnaires. Les socialistes doivent au contraire s'engager à développer l'emploi public en veillant à le redéployer compte tenu de l'évolution et de la modernisation nécessaire de certaines missions du service public. La droite a réalisé des transferts de compétences dans le cadre de la décentralisation sans affecter aux régions et aux départements les ressources appropriées. Ces mesures entraîneront un accroissement des impôts locaux. La fiscalité locale, particulièrement injuste, doit être entièrement reconsidérée afin de permettre une péréquation entre collectivités riches et pauvres. Améliorer le contenu en emploi de la croissance Lorsqu'elle est au rendez-vous, la croissance permet d'entamer le noyau dur du chômage ; son contenu en emploi peut pourtant encore être enrichi. La création de normes publiques fixant dans chaque entreprise un certain taux d'emplois affectés à l'accueil, la sécurité, l'assistance technique aux usagers et ayants-droits, etc. ferait émerger de nombreux postes de travail et serait de nature à renforcer le lien social. Pour combattre le chômage les exonérations de « charges sociales » ont longtemps été privilégiées. Elles sont extrêmement coûteuses et ont provoqué de nombreux effets d'aubaine. Le secteur des entreprises cotées à forte valeur ajoutée a été le grand bénéficiaire de la restauration des profits dans la valeur ajoutée. Par souci de solidarité et pour rendre plus efficace les aides à l'emploi, une CSG-entreprises, assise sur la valeur ajoutée, doit se substituer à l'assiette actuelle des cotisations patronales pénalisante pour les entreprises riches en main d'œuvre. L'objectif est de faire participer l'ensemble des revenus créés dans l'entreprise et de favoriser le tissu des PME créatrices d'emploi. La modulation de l'impôt sur les sociétés en fonction du chiffre d'affaires doit permettre de stimuler l'emploi dans les PME de plus en plus souvent mises en position de sous-traitance ou subissant le diktat des grands groupes. Ceci est particulièrement vrai dans le secteur de la distribution où la recherche d'une norme de rentabilité pousse les petits producteurs à comprimer leurs marges en reportant le risque sur leurs salariés. Pour affronter les abus de position dominante dont jouissent les monopoles du secteur de la distribution, la diversification de l'impôt sur les sociétés afin d'encourager la production serait une mesure novatrice. Un taux réduit s'appliquerait aux bénéfices réalisés par les entreprises produisant effectivement de la valeur. Un taux majoré frapperait les marges commerciales, réalisées par le secteur de la distribution. 97 % des entreprises ont moins de cinquante salariés et font travailler prés de 8 millions de personnes. Un million d'entreprises de moins de dix salariés font travailler 3,4 millions d'employés et d'ouvriers. Ce sont dans ces entreprises qu'il y a les plus bas salaires, les plus longues durées du travail, les conditions de travail les plus dures, les accidents du travail les plus fréquents, le plus de maladies professionnelles, le plus de turn-over, le plus de temps partiels, le plus de précarité, le moins de droit et de protection syndicale et juridique (ni délégué du personnel, ni comité d'entreprise, ni CHSCT, ni, bien sur de syndicats). Les petits employeurs sont livrés aux donneurs d'ordre qui abusent de leur dépendance pour leur imposer des conditions très contraignantes les conduisant à reporter le risque sur leurs salariés. Il est nécessaire de freiner les « externalisations » artificielles et de desserrer l'étau qui étrangle ces Très Petites Entreprises (TPE) en modulant la fiscalité sur les sociétés. Distribuer des "aides" indistinctes comme cela a toujours été fait, n'est pas efficient et profite aux entreprises de plus de mille salariés. Une politique collective de conventionnement, d'aides à la comptabilité, au respect des droits et règles administratives doit être mis en oeuvre spécialement pour les TPE, (pépinières d'entreprises, pool de comptabilité, services publics associés) et elles doivent bénéficier de réels crédits d'impôt en échange du respect strict des droits des salariés. C'est ainsi qu'on stoppera la dégradation du haut vers le bas délibérément mise en œuvre par le patronat et que l'on restaurera l'état de droit dans toutes les entreprises. Pour assurer la sécurité de ces entreprises dites "PME, PMI ou TPE", cinq mesures combinées sont indispensables :III. CONSTRUIRE UNE MAJORITE ATLERNATIVE DE GAUCHE
Le vote du 29 mai ne peut laisser de doute : un changement de majorité et de politique dans le pays est possible. Tous les pays, notamment au sein de l'Union européenne, sont touchés par les effets de l'ultra-libéralisme des néo-conservateurs. Le décalage, voire la coupure, entre les directions politiques et les populations, se retrouve dans chaque Etat et nous sommes partout confrontés aux mêmes questions. C'est le mouvement socialiste européen, et en réalité toute la gauche, qui est aujourd'hui éclatée, alors que le peuple aspire à l'unité. Pour cela il nous faut définir, à toutes les échelles, les voies et les moyens nous permettant de faire aboutir notre projet. Un parti rénové, un parti unifié Pour un nouveau fonctionnement du Parti Socialiste En France, c'est d'un Epinay de toute la gauche dont nous avons besoin. La situation l'exige et s'y prête. L'urgence sociale associée à l'urgence démocratique rend impérative une réponse forte, durable, réellement capable d'inverser ces tendances. Il faut donc dès maintenant engager le chantier de la refondation de notre Parti. L'ampleur des difficultés sociales et économiques pourrait faire apparaître cette tâche comme secondaire, annexe, mais détrompons-nous : il n'est pas de progrès social sans progrès démocratique, la refondation idéologique et démocratique du Parti Socialiste est indispensable à un véritable renouveau de la politique sans lequel aucun grand changement n'est possible. L'autoreproduction des responsables, érigée en principe de fonctionnement, a fini par rendre sourd et aveugle notre Parti. Sourd à la colère des citoyens. Aveugle face aux stratégies personnelles qui tuent le débat, créent des unités de façade et nous rendent incapable d'aller à l'essentiel. Le 21 avril 2002, la sanction avait pourtant été terrible. Nous pouvions espérer que cette défaite dramatique aurait au moins une vertu : nous inciter à tirer les leçons de leurs erreurs. Or, contre toute logique il semble que la priorité de la direction du parti ait été de faire l'impasse sur le bilan de cette élection au point de choisir comme slogan de notre dernier congrès de Dijon : « En finir avec le 21 avril ». Le 29 mai 2005, malgré une formidable mobilisation des citoyens et de toute la gauche politique, associative et syndicale, l'histoire bégaye. Repliée sur elle-même, la direction du Parti Socialiste a retrouvé son autisme des années précédentes en annonçant l'exclusion de son sein, de ceux qui avaient exprimé l'aspiration de l'immense majorité du peuple de gauche... Et pourtant, qui peut réellement s'étonner des soubresauts électoraux de ces dernières années ? La liste des reproches est longue : mainmise des élus sur l'animation du Parti, absence de lieux de débats permanents en dehors des échéances électorales, rupture des liens avec les syndicats et les associations, rupture avec les classes populaires, vieillissement général des militants, quasi-inexistence du renouvellement des élus, freins de tous ordres pour l'application de la parité, désertion de la rue en période de pouvoir... et même désormais en période d'opposition... Nos prises de position sur les sujets sensibles sont inexistantes. On ne parle pas ou peu dans notre Parti de ce qui fait débat dans la population. Systématiquement à la traîne des sujets de société mis en valeur par les médias, nous ne pouvons ni attirer les citoyens en attente de réflexions inventives, ni devenir le parti de l'innovation et du progrès que nous aimerions être. Parce que notre parti ne remplit plus sa mission, nous ne sommes plus depuis longtemps un laboratoire d'idées mais seulement le réceptacle d'idées communes. (ainsi en est-il des droits à l'homoparentalité, au « mariage » des homosexuels, etc..). De plus, la pratique qui consiste à faire en sorte que notre parti cesse, dans les faits, d'exister lorsque nous sommes au pouvoir, participe au discrédit de l'action politique. Notre ambition doit être de faire du Parti Socialiste, dans l'opposition comme dans la majorité, à tous les échelons, le lieu où s'élaborent, de manière constante, la réflexion et les propositions sur nos valeurs. Sans être une fin en soi la rénovation du Parti reste le complément indispensable de notre ancrage à Gauche. Notre tâche est simple : nous devons appliquer au sein du Parti socialiste les principes pour lesquels nous combattons dans la société, notamment en assurant le renouvellement et la représentativité de nos élus afin d'ouvrir à toutes et à tous l'exercice des mandats électifs. Etre élu n'est réservé ni aux hommes, ni aux fonctionnaires, ni aux catégories supérieures de la société. Ce n'est pas un droit automatiquement renouvelable, encore moins un privilège réservé à quelques-uns. Les citoyens doivent vérifier, grâce à notre fonctionnement, que le pouvoir n'est pas un but en soi, mais seulement le moyen d'appliquer nos idées. Pour permettre aux Fédérations et sections de mieux effectuer leur travail politique de terrain, le Parti sera fortement décentralisé grâce à :Conclusion
Ainsi l'aspiration de l'électorat de gauche, Pour une Politique alternative Socialiste est une réalité que nul ne peut ignorer. Aux outrances de la droite qui ne recule plus devant rien pour imposer son projet libéral, économique, social et culturel, nous proposons aux socialistes, à la gauche, aux citoyens une alternative possible, nécessaire, vraie et dynamique. L'heure est donc à la reconquête du terrain perdu, au courage, à l'ambition et à la volonté. Les français appellent au retour du Politique sur la société. Notre motion est une réponse. Les français espèrent une politique, qui restaure et fasse vivre le Pacte Républicain, fruit d'innombrables, difficiles mais conquérantes luttes politiques et syndicales. Notre motion est une réponse. Au moment où le MEDEF, SARKOZY et toute la droite libérale veulent ensemble abattre notre modèle social, voire le social tout court, notre motion démontre que le Pacte Républicain est d'une ardente modernité. Dès lors pour redresser la barre, oser être nous même, porter haut les valeurs du socialisme, notre motion écarte l'idée de présenter un simple assortiment de correctifs écrasés par le poids des contraintes.Le socialisme est une idée neuve
L'égalité est au cœur du socialisme
Le refus de la fatalité est au cœur du socialisme
La justice sociale est au cœur du socialisme
L'alternative socialiste est donc au cœur de la gauche
La construction d'une Europe Sociale capable de proposer une alternative de gauche aux conceptions libérales et marchandes de la mondialisation est également, et tout autant, nécessaire. Nécessaire pour que l'Europe soit autre chose qu'un grand marché. Pour que l'Europe devienne une force politique de progrès, acteur utile à la marche du monde. Au sein du PSE instrument nécessaire de notre projet européen, l'existence de courant doit devenir la règle afin de nourrir les débats de fond ouvrant sur une ligne politique ambitieuse et de gauche. Le socialisme européen sera l'alternative à la gestion libérale de l'économie de marché dominé par le capitalisme financier. Notre ambition est tout autant de faire de notre Parti un grand Parti, qui, dans l'opposition, comme dans la majorité, à tous les niveaux, est le lieu où s'élaborent de manière constante la réflexion et les propositions.[1] L'impôt sur le revenu est l'attribut de la citoyenneté par lequel le financement de la politique publique adoptée par le suffrage universel est assuré par chacun en fonction de leur faculté contributive. Il est à ce titre important que les plus modestes y contribuent, faiblement mais symboliquement. [2] Selon les données de l'Insee, depuis 1982, la part des salaires à reculé de 8,3 points, selon la Commission européenne, sur l'ensemble de l'économie, elle a baissé de 10,4 %. [3] Il n'existe aujourd'hui que CHSCT 44 000 pour 1,2 millions d'entreprises.
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