Charonne, le 8 février 1962
01/03/2009 |
DÉBUT 1962, « les événements » d’Algérie et les « opérations de maintien de l’ordre » s’éternisent. De Gaulle, pourtant arrivé au pouvoir en mai 1958 sur le thème de l’Algérie française, est maintenant convaincu de la nécessité d’un processus débouchant sur son indépendance. L’extrême-droite et les militaires ne lui pardonnent pas ce revirement et soutiennent la création d’un groupe terroriste, l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS). Ce groupe fanatique de « l’Algérie française » s’en prend aux militants du FLN, que ce soit en France ou en Algérie, ainsi qu’à tous ceux qui les aident (communistes, PSU, chrétiens de gauche, intellectuels…). Le 7 février 1962, jour de l’explosion de 10 charges de plastic à Paris, la gauche syndicale et politique appelle à une manifestation antifasciste pour le lendemain. Seule la SFIO, colonialiste et encore alliée à De Gaulle, manque à l’appel… Un cortège important défile le 8 février dans l’Est parisien, mais le préfet de Paris, un certain Maurice Papon, a déjà donné l’ordre de réprimer la manifestation… Le bilan est lourd : les bousculades autour de la bouche de métro Charonne font huit victimes parmi les manifestants cherchant à fuir la police. L’émotion est grande et une grève générale de fait paralyse la région parisienne le 13 février. Mais le pouvoir gaulliste a obtenu ce qu’il voulait. Il a prouvé qu’il était un rempart suffisant à la subversion sociale et que la surenchère de l’OAS était inutile. Alain Dewerpe a raison : il s’agit bien d’un « massacre d’État ».
Pour en savoir plus :
Alain DEWERPE, "Charonne, 8 février 1962, Anthropologie d’un massacre d’État", Gallimard, 2006.
Pour en savoir plus :
Alain DEWERPE, "Charonne, 8 février 1962, Anthropologie d’un massacre d’État", Gallimard, 2006.
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