40 ans après, mai 68 obsède encore Nicolas Sarkozy. Pourquoi ?
Comme Le Pen, Sarkozy - le sortant - s'adresse à "à tous ces sans-grade", "tous ces anonymes", "tous ces gens ordinaires (...) auxquels on ne fait pas attention, que l'on ne veut pas écouter, que l'on ne veut pas entendre". Sarkozy, l'homme de l'establishment qui gouverne depuis 5 ans (et qui gouvernait déjà avec Balladur), l'homme des petits clans et des petits putschs, des couloirs des banques et des marchands d'armes, des villas et des palais, l'homme des financiers et des fortunes dorées, ose affirmer, a contrario de ce qu'il est : "C'est à vous que je veux rendre le pouvoir (...). Je veux être le candidat du peuple de France et non pas le candidat des médias, des appareils, de tel ou tel intérêt particulier, des intérêts partisans, des sectarismes", lui qui tente de voler son élection grâce aux plus puissants bourrages de crâne médiatiques, d'imposer des discours provocateurs, bourrés de mensonges, sans crainte des réactions de la grande presse qu'il contrôle !
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Il fait froid dans le dos :
Sarkozy contre les 8 millions de grévistes de mai 68
Sarkozy augmente les décibels au fur et à mesure que le deuxième tour approche, comme s‘il voulait mettre la barre de plus en plus haut contre les « fraudeurs du métro » et « les fautes des syndicalistes » qu'il place dans le même sac... Il accuse mai 68 d'avoir "imposé le relativisme intellectuel et moral", "liquidé l'école de Jules Ferry", "introduit le cynisme dans la société et dans la politique", "abaissé le niveau moral de la politique" (sic): « La morale, après 1968, on ne pouvait plus en parler. » Selon lui, pour "les héritiers de 1968", "il n'y avait plus aucune différence entre bien et le mal, le beau et le laid, le vrai et le faux, l'élève valait le maître". «Les héritiers de ceux qui, en mai 68, criaient "CRS = SS" » prennent systématiquement le parti des voyous, des casseurs et des fraudeurs contre la police. "Voyez comment le culte de l'argent roi, du profit à court terme, de la spéculation, comment les dérives du capitalisme financier ont été portées par les valeurs de mai 68." "Je veux tourner la page de mai 68 une bonne fois pour toute", se lâche enfin Sarkozy.Pourquoi une telle haine de la part de cet apprenti caudillo qui devait avoir 13 ans en mai 68 ?
Cette tirade hargneuse, hors norme, acharnée, contre un des plus grands mouvements de l'histoire sociale de notre pays, est plus que tout le reste le signal de la grande revanche de l'extrême droite dirigeante de l'Ump ! C'est contre les 8 à 9 millions de grévistes de mai-juin 68 qu'il en a, lui qui ose se faire photographier devant des ouvriers portant le casque de sécurité, pour mieux les berner. S'il va voir « la France qui se lève tôt » c'est pour qu'elle se lève encore plus tôt, se couche plus tard et gagne moins, pour que les profits de ses amis de Neuilly augmentent : tout cela dans une mise en scène que toute les rédactions en chef de la presse aux ordres orchestrent ! Nul doute que Sarkozy pense la même chose de toutes les luttes sociales, du Conseil national de la Résistance, de mai- juin 36, de la Commune de Paris, des combats pour les journées de 10 h puis de 8 h, pour les 40 h, pour « l'assistanat » de la Sécurité sociale et des retraites par répartition... N'est-ce pas lui qui a assez d'inculture pour mettre dans son clip télévisé : « le travail c'est la liberté » (ARBEIT MACHT FREI) ? En fait ce que signifie avec arrogance, l'homme au karcher, Sarkozy, c'est qu'il veut écraser tout mouvement social de type Cip mars 94, nov-déc 95, retraites printemps 2003, Cpe janvier avril 2006, c'est qu'il fera la guerre aux syndicats puisque sa première loi sera contre le droit de grève ! Sarkozy a amalgamé à Bercy, dimanche 29 avril, “la France qui paye toujours pour tous les autres, (...) qui paye pour les fautes des politiques, des technocrates, des syndicalistes, qui paye pour les fraudeurs, qui paye pour les voyous, qui paye pour ceux qui profitent du système, qui paye pour ceux qui demandent toujours et qui ne veulent jamais rien donner". Le lien est clair dans sa réthorique et ses objectifs entre syndicalistes, fraudeurs, voyous... Tout ça, c'est des “racailles”. Comme il a fait la chasse aux « racailles », et, il le redit, « aux poignées de voyous qui se croit au-dessus des lois et de la morale », il veut remonter jusqu'à atteindre dans la mémoire ce qu'il doit appeler des « casseurs » de 68... C'est la même chose pour lui, c'est le peuple dont il feint de se réclamer, les sans grades auxquels il prétend parler et que pourtant il hait du haut de ses talonnettes d'apprenti caudillo. C'est la haine ancestrale des riches contre les « partageux », les « rouges », les « syndicalistes », qu'il a exprimé à Bercy dans son dernier meeting show à l'américaine. Sarkozy annonce qu'il entend écraser tout mouvement social ! Au Karcher contre les luttes sociales, contre la pègre syndicale !Que les électeurs protégent dimanche 6 mai la France de la victoire de ce caudillo.
Ce serait le pire qui puisse arriver !
Que pas une voix ne manque à Ségolène Royal...
Gérard Filoche, lundi 30 avril 07[caption id="attachment_2113" align="alignnone" width="120"]L’article en PDF[/caption]